Je continue de ressortir les disques de quelques survivants des années 2010. C’est dimanche, il fait beau et je repense à ce concert de Disappears au Glazart, ça devait être en mars 2012. Il y avait encore Steve Shelley à la batterie, le split de Sonic Youth était encore récent. Le groupe s’acharnait à distordre son post-rock sous un déluge de larsens prompts à réveiller plus d’un acouphène. Depuis, le groupe s’est dissout, comme pour mieux respecter le programme annoncé par son propre nom, pour se réincarner avec FACS, dont le deuxième disque, « Present Tense », hante mon cerveau depuis le début de l’été.
Je ne me souviens plus où avoir lu que les couches de distorsion et de delay administrées aux guitares shoegaze donnent l’impression de transformer l’instrument en un clavier obscure, mais j’y ai repenser en découvrant l’ensemble des nappes sonores que l’on peut écouter sur « Present Tense ». La basse d’Aliana Kalaba et la batterie motorik de Noah Leger tiennent l’intégralité des morceaux, laissant le champ libre pour les distorsions de Brian Case. Et puis, dans un geste délibéré, le groupe échange ses instruments pour déverser un intense magma saturé sur les neuf minutes vénéneuses de Alone Without. Il tiennent là leur plus grande composition en surrégime.
J’aime bien un titre comme Strawberry Cough. Il commence comme il finit, sur une boucle de guitare samplée en plein vol et une batterie lourde qui avance sans s’arrêter. La ligne de basse d’Aliana Kalaba devient primordial quand elle rentre en jeu. Elle porte intégralement le morceau, laissant un dernier espace pour Brian Case. Quand il ne chante pas à mi-voix, il glisse des expérimentations électriques, des traitements sonores qui nous rappellent les fantômes de Disappears, avant de s’évaporer sur le reste du disque.
Mathieu