J’ai lu beaucoup de comics sur la fin des années 80 et le début de la décennie suivante. Et parmi l’ensemble de ces délires visuels je me souviens tout particulièrement des dessins de Todd McFarlane, notamment ceux de l’inénarrable Spawn. Le personnage en question passait son temps à errer sous la pluie dans les ruelles obscures de New York et si on venait un peu trop le chercher il pouvait utiliser son pouvoir démoniaque pour éliminer le gêneur en question en un claquement de doigt tout en criant « Pourquoi » face à la lune. Pourquoi ? Et bien, si vous voulez tout savoir c’est exactement à ça que me fait penser un titre comme Why que l’on peut entendre sur le dernier album de Red Fang.
Red Fang démarre « Arrows » sur une note grave, serpentine. C’est le calme avant la tempête et visiblement ça ne tourne pas rond, il ne faut pas en rajouter. Puis la basse écrase nos tympans, les riffs de guitare sont soit très saturés, soit ultra-anguleux. Les aigus vrillent. Le chant est encore moins accessible qu’avant. Ça crie beaucoup plus. Entre une lente marche perdue dans de sombres pensées et quelques puissantes cavalcades, le quatuor distribue des tatanes avant d’expurger ses problèmes mal digérés. C’est probablement ce va-et-vient entre distorsion bruitiste et métal Sabbathien qui me donne l’impression d’entendre un Red Fang plus inspiré que lors de ces précédents disques.
Days Collide démarre sur trois notes de guitare et se termine dans un déluge sonore qui s’abat sur nos épaules telle une chape de plomb en fusion. Entre les deux, Red Fang s’aventure dans la tourbe du Sludge Metal comme on si naviguait à vue avec la Créature des Marais qui nous regarde sans juger. Les guitare, basse et batterie s’engourdissent avant de tracer le contour d’un psychédélisme épais et enfumé. Vers 2 minutes et 30 secondes, le groupe accélère le tempo pour ne laisser aucun survivant. Les riffs volent bas avant de s’écrouler derrière un mur de fuzz qui englouti tout sur son passage avant de disparaître en un instant.
Mathieu