Mercredi 20 avril, je retourne voir un concert au Petit Bain après combien de temps déjà ? Deux ans peut être et l’affiche est belle ce soir : du rock, du classique, du jazz, tout ça en même temps avec les douze musiciens de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et du rap-rock pour provinces dystopiques avec Rhume. Y avait-il meilleur groupe que celui de Maxime St-Jean et Laurent Dussarté pour sortir du marasme de ces deux dernières années ? Pendant une quarantaine de minutes, Rhume s’insinue dans nos cerveaux avec ses instrumentaux pour night-club à l’abandon et ses boites à rythmes profanées. Les guitares sont cagneuses et le chant se percute sur les rampes de sécurité d’une route de ville nouvelle qui aurait survécu jusqu’en 2050. Le flow trimballe son humour fatigué comme on erre dans les rues d’une proche banlieue semi-lugubre. Le lendemain, je suis allé écouté leurs histoires insensées sur « Vigilance Rose », leur second disque sorti il y a 6 mois. Au train où vont les choses, cette musique mi-blague mi-énigme pourrait bien devenir séminale.
Je prends une bière pour me remettre de tout ça. Je recroise enfin Vincent et on discute un peu pendant que l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp s’installe sur scène. L’ouverture est belle, les musiciens semblent heureux de jouer, là, ensemble. Les marimbas sont jubilatoires, les guitares électriques serpentent dans toutes les directions, altos, violons et violoncelles passent de la retenue à l’élan survolté dans une grâce infinie. Dans le coin, une contrebasse, à la fois raide et souple, occupe son rôle central. Le chant est collectif et les cuivres font décoller cette musique pleine de fulgurances soniques. Le sourire sera à son comble avec les ritournelles de So Many Things (To Feel Guilty About), et pour le reste du concert, je me suis contenté d’écouter cette belle musique, les yeux perdus dans la joie.
( ♫) Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp – So Many Things (To Feel Guilty About)
Mathieu