Une faible lumière éclaire la pièce d’un studio d’enregistrement légèrement enfumé par un étrange opiacé. Matt Valentine pose sa basse, ferme les yeux et joue quelques notes bourdonnantes sur un vieux clavier. Il se lance dans un jam totalement free, mélangeant le rock alambiqué avec le funk goguenard, le drone hypnotique avec le ragua architecturé autour d’un mandala qui disparaît comme s’il n’avait jamais existé. La prise est bonne mais il manque un solo de guitare électrique. Il sera jeté un peu à la va comme je te pousse, avec une belle distorsion qui s’emmêle les pinceaux sur une réverbération désinvolte. Il est 23h10 dans le Vernon et une tempête interstellaire s’abat sur l’humanité.
Au milieu de ce brouhaha cosmique, Samara Lubelski joue du violon et chante sur les choeurs avec Erika Elder, Mick Flower et Doc Dunn. On se sent bien au milieu de cette communauté néo-hippie, on part prendre un thé et on rêve de jouer une sorte de folk bizarre et cagneux. Mais Matt Valentine allume un ampli pour rejouer une ligne de basse épaisse et psychédélique. Le studio est toujours aussi enfumé et on ne distingue plus très bien d’où vient cette rythmique répétitive. Est-ce une batterie sourde ou une boite à rythmes aux presets programmés sur des temps anciens. On est trop fatigué pour faire la moindre différence. Le groupe s’appelle Wet Tuna, on a oublié de le dire mais leur musique a tout du psychotrope surnaturelle.
Avec tout ça je ne sais quel titre choisir parmi les sept de « Wraping All By Yourself ». Ah si, ça serait probablement Sweet Chump Change avec son groove mutant, sa temporalité inédite et ses orchestrations qui nous feraient presque découvrir les portes cachée d’une perception inédite. Dans son studio, Matt Valentine reprend sa basse et entame une ligne slappée.
( ♫) Wet Tuna – Sweet Chump Change
Mathieu