J’avance dans le parc et je m’assoie dans l’herbe. Un rayon soleil apparaît timidement entre les nuages. Il n’y a personne alors je prends une photo. C’est le premier moment de calme depuis cette semaine où chaque instant donne l’impression qu’il faut tout remplir de distraction inutile. J’écoute un titre de Pan•American et la matinée semble se ralentir autour de moi. Je traverse la ville avec l’impression d’être un fantôme. J’entends les nappes de synthétiseur, la ligne de basse réverbérée et le rythme sourd de la boite à rythme. Immatérielle, cette musique ne joue jamais la note de trop.
L’ambiant chez Pan•American n’est jamais un abandon. Il s’agit plutôt d’un moment d’attention pour soi, où il ne faut jamais se perdre de vue dans cette musique neigeuse. Mark Nelson nous le rappelait déjà quand il jouait la guitare slide et chuchotait doucement dans les micros de Labradford. Il ne nous épargne jamais la confrontation avec soi-même quand il mixe une musique électronique minimaliste avec Anjou. Le 3 mars est sortie « In Daylight Dub », une compilation de morceaux inédits de Pan•American. Avec cette suite de compositions ralenties Mark Nelson nous accapare encore du bruit environnant et nous révèle une fois de plus la beauté simple des tonalités atmosphériques.
Un titre comme Quarry A tient à peu de choses ou presque. Il y a d’abord cette petite mélodie jouée sur un clavier enfantin, l’immersion tient à cette suite de notes translucides. Arrive ensuite une boite à rythme granuleuse, sa caisse claire réverbérée évoque une sorte de dub neigeux. Une basse discrète porte le morceau jusqu’à nous laisser au milieu du silence, dans notre solitude. Il fait nuit quand nous enlevons notre casque, il ne nous reste plus qu’à saluer l’espace.
Mathieu