Les quatre musiciens de Deathcrash sont sur scène. Ils jouent lentement, dans le noir, la batterie tient les morceaux, basse et guitare s’entremêlent pour jouer leurs mélodies tristes. L’un d’eux s’approche du micro et son chanté-parlé ressemble à de l’idioglossie. Le batteur donne un coup de baguette si fort qu’une personne dans le public sursaute. C’est l’envolée abrasive et les deux guitaristes passent des accords tristes au déluge de distorsions en un coup de pied sur leurs pédales d’effets. Le bassiste pilonne nos tympans et puis ça revient au calme. L’émotion est à fleur de peau, l’espace est désolé, vide mais en reconstruction.
Le concert se termine et la lumière se rallume. Les anglais jouent ce soir en première partie de Codeine. L’affiliation musicale me semble évidente, quoiqu’un peu injuste, le quatuor existe parfaitement au delà de ses modèles. De retour chez moi je découvre qu’ils ont sorti un disque cette année, il ressort en novembre, enrichi d’une série de remixes.
En sept titres, « Less » nous embarque vers des paysages froids, dévastés, où l’herbe pousse encore. Casée en ouverture, Pirouette démarre sur un arpège timide et termine par un étrange solo joué sur une guitare claire. Les hurlements s’invitent sur Empty Heavy ou Dead Crashed, on les avait perdus dans un disque de post-hardcore, on les retrouve ici, intacts, prêt à en découdre, avant de s’arrêter net pour revenir à un calme salvateur.
Depuis, j’écoute en boucle Turn. C’est une longue montée en intensité. Ça commence par deux accords de guitare, comme une mélodie inachevée, qui évoque plus de questions que de réponses. La basse reprend le thème, puis une seconde guitare et la composition prend une autre direction, plus ample. Le chant s’affirme avant une pause, et tout le monde hurle dans le micro. C’est au moment où le morceau semble en total sur-régime que les musiciens de Deathcrash choisissent de s’arrêter là, pour s’en aller comme ils étaient arrivés, dans un silence éloquent.
( ♫) Deathcrash – Turn
Mathieu