Seul dans le studio, assis devant le multi-piste, Ilyas Ahmed joue de la guitare et disperse ses notes stratosphériques aux quatre vents. Arpèges boisés et phrases électriques se répondent dans un mix inspiré avant de donner de l’espace à une nappe de synthétiseur. Il laisse un temps de silence, une respiration heureuse, une pause, un instant pour l’auditeur. Son nouveau disque, « A Dream Of Another », semble se décomposer devant nous, il sonne comme un long mantra, un rêve brumeux qui s’échappe de l’amplificateur, du folklore hanté, obsédé par l’idée de ne jamais jouer la note de trop.
Les lignes mélodiques du titre principal, A Dream Of Another, s’étirent sur une dizaine de minutes. Il ressemble à un terrain d’expérimentation. On y entend une basse indéfinissable, taillée pour les fréquences profondes. Puis Ilyas Ahmed se lance dans une démarche mystérieuse, comme s’il voulait illustrer une petite histoire avec un vieux clavier, comme s’il voulait que ses accords lents de guitare soient l’écho lointain d’un langage perdu. Il joue de cette musique qui s’accommode de nos humeurs et ne force jamais notre écoute.
Chuck Johnson – qui n’est pas en reste en terme de compositions bourdonnantes à la guitare – a produit ce disque et on pense parfois aux longues plages mélancoliques de The Durutti Column. Une filiation parfaitement mise en musique avec la petite boite à rythme qui porte Little Devil jusqu’aux confins de notre perception. Chaque instrument y va de son petit riff , de son blues minimaliste, avant de s’arrêter en pleine course, comme un point d’interrogation qui nous invite, si nous le souhaitons, à une conversation introspective.
( ♫) Ilyas Ahmed – Little Evil
Mathieu