Seuls dans une ancienne école transformée en un studio précaire, les musiciens viennent de finir de jouer. Ils posent leurs guitares acoustiques et pianotent encore un peu sur la platine multi-piste alors que la pluie s’abat froidement sur le reste du monde. La mer se décompose brutalement sous des rafales de vent et contraste avec le calme des mélodies boisées qui viennent d’être jouées. Quelques accords simples, des arpèges hypnotiques, une contrebasse profonde, une voix sereine, on est plutôt bien accueilli sur « Cold Sea », le premier disque en solo de Oisin Leech.
Quand il n’officie pas au sein du duo The Lost Brothers, Oisin Leech part enregistrer dans son Irlande natale, loin de toutes agitations futiles. Il en profite aussi pour inviter Steve Gunn et M. Ward, pour l’accompagner à la guitare. Il est aussi rejoint par la violoniste Roisin McGrory dont chaque volute sonne comme un lointain rêve brumeux. Tony Garnier est là aussi, il abandonne un temps Bob Dylan pour poser sa contrebasse au milieu de ce folk mélancolique, il est celui qui s’accommode des vents contraires et fait sonner chacune des ses notes cagneuses comme l’écho lointain d’une vie radieuse.
Le Field Recording qui accompagne Maritime Radio aurait presque de quoi plaire aux quelques aficionados des expérimentations de Claire Rousay. Avec Cold Sea et Daylight Oisin Leech regarde jusqu’à l’hypnose le ciel et la mer avant de s’aventurer doucement vers l’ambiant avec ces nappes bourdonnantes et stratosphériques. Mais c’est avec Trawbeaga Bay que tous les musiciens se retrouvent pour une lente ballade à la douceur folle. Les cordes des guitares sont pincées, la basse est ronde comme jamais, et puis la voix d’Osin Leech navigue calmement au milieu de la tempête. On ne s’était jamais senti aussi bien à l’écart du monde.
( ♫) Oisin Leech – Trawbreaga Bay (ft. Steve Gunn, Dónal Lunny, Tony Garnier , Roisin McGrory)
Mathieu