Chris Cohen – Paint a Room

On effectue probablement un raccourci en se disant que Chris Cohen fait partie des artistes qui savent faire un pas de côté au bon moment, être là quand on ne l’attend pas, se tromper puis recommencer, encore et toujours. Celui qui a joué des riffs acérés pour Deerhoof sur une poignée de disques énervés (notamment sur des chefs d’oeuvre comme « Apple O’ » ou « Green Cosmos »), accompagné Cass McCombs ou DIIV en concert et produit Weyes Blood semble explorer les différentes facettes de son instrument de prédilection, la guitare. Son dernier album, « Paint a Room », confirme cette envie en mariant des influences tropicales à une pop faussement tranquille, où la dissonance s’invite autant qu’une suite d’accords parfaitement harmonieuse.

Clavinet revenu des années 60, basse claquante et nonchalante, rythmiques sophistiquées, saxophones légèrement jazzy et guitare discrète, voici à peu près tout ce que nous révèlent Damage, premier titre en note d’intention où les mélodies lumineuses cachent bien évidement leur part d’ombre, une certaine mélancolie, des interrogations, un regard en biais sur notre quotidien. Jeff Parker est venu donner un coup de main à Chris Cohen sur certains arrangements qui prennent une étrange allure sonore. Un rythme chaloupé s’installe tranquillement sur Sunever, plus on écoute ces accords syncopés, plus on semble se perdre dans cette ambiance doucereuse. Plus nerveux, Wishing Well sonnerait presque garage s’il ne faisait la part belle à une ligne de guitare claire et rebondissante, déployant ces mélodies comme un immense mandala multicolore.

Sur Night Or Day, Chris Cohen semble composer avec des éléments que l’on connait par cœur : accords majeurs, mélodie douce pour clavier analogique, basse en soutien, rythmique resserrée et un début de refrain catchy pour une chanson dont l’art vire à l’orfèvrerie. Puis il se laisse tranquillement emporté par un solo à l’économie folle mettant à l’honneur son jeu de guitare ici magnifié par une distorsion mesurée avant de conclure aussi vite qu’il avait commencer, sur un fade out tout en clair-obscur. Une belle musique qui nous fait presque oublier l’immense justesse des textes subtilement écrits par son auteur.

( ♫) Chris Cohen – Night Or Day

Mathieu

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