Bonnie ‘Prince’ Billy – The Purple Bird

Plusieurs Will Oldham se croisent et se rencontrent avant de partir dans une direction différente. Il y a le Post-Blues fiévreux de Palace, le folk intime de Bonnie ‘Prince’ Billy et quand il ne vient pas juste chanter sur certains rares titres de Tortoise, Will Oldham se lance dans une reprise boisée d’une chanson de R’n’B. Parfois il fait tout cela en même temps et cela peut autant donner une suite de morceaux dispensables qu’un très bon disque. C’est le cas du très bon « The Purple Bird » sorti au début du mois de février. Pour ce nouvel album, Will Oldham est parti à Nashville et il a composé avec quelques légendes de la country, Tim O’Brien, Pat McLaughlin et John Anderson. C’est probablement grâce à cette rencontre que sa musique se trouve aujourd’hui magnifiée.

Will Oldham a été contacté par un grand mogul de la country, David Ferguson, puis il est venu en studio pour enregistrer sa musique alors qu’il n’est, pour une fois, pas son propre producteur. La méthode est une mécanique bien huilée : un lâcher prise au milieu de genres, le folk, la country, qui ne laisse pas toujours la place pour l’expérimentation. Mais il en faut plus pour entraver Will Oldham, qui, au détour de quelques accords, trouve le moyen d’évoquer en un clin d’oeil subtil les armes avec le faussement guilleret Guns Are For Cowards, les nuits de défonce avec Tonight With Dogs I’m Sleeping et une certaine idée de la dissolution des USA sur Turned to Dust (Rollin On). « Right is right, wrong is wrong / No matter what side you’re standing on / Can’t we all just get along? » Will Oldham ne s’en cache pas trop, c’est bien de l’Amérique de Trump dont on parle là au détour d’un couplet.

Will Oldham semble être en état de grâce sur Sometimes It’s Hard to Breathe. Sa chanson pourrait tenir avec juste une guitare acoustique, mais elle est ici accompagnée comme jamais. Un violon stratosphérique, une batterie légère, souple mais solide, une ligne de basse brillante et un petit riff électrique indispensable : tout ces détails prennent leur importance et emportent la composition vers un ailleurs qui magnifie le texte de Will Oldham. Le morceau s’arrête comme il démarre, comme un moment capturé qu’il ne faudrait jamais perdre. Une émotion à garder pour soi, entre deux trains, lors d’un retour pour le Kentucky.

( ♫) Bonnie ‘Prince’ Billy- Sometimes It’s Hard To Breathe

Mathieu

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