Parmi toutes les formations néo-folk qui atteignent maintenant une vingtaine d’années d’existence, Tunng occupera toujours une place à part. A l’origine, le groupe anglais avait choisi de mélanger les guitares boisées avec les synthétiseurs, évoquant un cross-over entre les cordes pincées de Richard Thompson et les rythmes électroniques d’un maxi sorti chez Warp Records. Souvent enregistrés sous contraintes – n’utiliser que des guitares acoustiques, pas de réverb sur la voix – leurs disques distillent un psychédélisme doux que l’on savoure comme un thé raffiné en fin de dimanche après-midi. Je me souviens les avoir découverts sur leur troisième album, « Good Arrows », et je garde encore des images poétiques de cette pop mélangeant sons traditionnels et d’orchestration moderne.
Introspections et interrogations, telles sont les premières impressions ressenties à l’écoute des premières notes de « Love You All Over Again ». Les arpèges de Everything Else accompagnent une série de questions existentielles avant de nous laisser au milieu de quelques boucles hypnotiques, seuls, perdus dans nos pensées. Les harmonies vocales de Sam Genders, Mike Lindsay et Becky Jacobs s’entremêlent sur l’ensemble du disque, passant parfois d’un chuchotement intime à une chorale pour salon, comme sur le récit mélancolique de Snails. L’instrumental Drifting Memory Station laisse place au machine pour orchestrer une série de samples et de lignes mélodiques. Plus traditionnel, Levitate a Little retrouve le fingerpicking pluvieux du folk traditionnel anglais.
Sur Deep Underneath, Tunng convie tous ces éléments avec une beauté stratosphérique. Les guitares folks brillent sur chaque note, les synthétiseurs jouent leurs nappes vaporeuses, les boites à rythmes se rebiffent sur quelques bleeps grésillants, et puis, au détour du morceau, le chant du groupe nous attrape comme jamais, avec émotion et apaisement, comme une ballade à vélo au bord de la mer, avant la pluie. On en gardera quelques beaux souvenirs d’une simplicité désarmante.
Mathieu