J’avais rapidement écouté Chat Pile et « God’s Country ». Une batterie martiale, une basse experte en lancé de parpaing, des riffs de guitare façon fil de fer barbelé qui vous découpent méthodiquement les oreilles et un chant qui passe de la froideur du post-punk aux déclamations viscérales du sludge en passant par quelques hurlement aiguës d’influence Black-Metal nous avait secouer si fortement l’épaule qu’on avait finit par déambuler seul et hagard dans des terrains vagues innommables. Le trio d’Oklahoma monte d’un cran avec les dix titres de leur second disque, « Cool World », où les dissonances poisseuses martèlent un portrait à la fois violent et désespéré d’une Amérique cauchemardesque.
La noirceur dissonante et les hurlements blafard de I am Dog Now nous sont jetés en pleine figure, et entre deux secousses véhémentes, l’origine du nom du groupe revient à nos esprits embrumés. Rien à voir avec les félins préférés d’Internet, Chat Pile fait référence aux amoncellements de déchets de plomb miniers, pollution à ciel ouvert et chose courante dans la région d’origine du groupe. Ca vous donne une idée de l’ambiance. Pour le reste, on passe de l’aliénation du corporatisme avec Funny Man, au voyeurisme malsain de Camcorder en s’arrêtant sur l’anéantissement total du monde avec The New World. Plus calme, et virant parfois vers l’indus, Milk of Human Kindness et Frownland ne reposeront qu’un temps nos oreilles, tout ceci n’est que rage contenue qui finira par exploser dans un déluge de larsens sur son dernier tiers.
Chat Pile semble se prévenir du sur-régime sur Shame, mais ce n’est que de courte durée. Sur une basse râpeuse comme jamais, Raygun Busch se met à chanter de façon étonnement calme. Dans un état de semi-détachement, il sonne comme dans un groupe de rock indépendant des années 90. Une guitare aussi cagneuse qu’une déflagration de bruit blanc fera basculer l’ensemble dans un massif mur du son sur lequel nous nous fracasserons sans aucune hésitation. Raygun Busch en profite pour scander le reste du titre avec un chant guttural à s’en arracher les cordes vocales. Il va sans dire que je serai là pour les voir jouer au Trabendo, le 28 avril.
( ♫) Chat Pile – Shame
Mathieu