Mercredi 17 septembre, il fait encore un peu jour lorsque je rentre dans la salle de Petit Bain pour voir le concert de Preoccupations, avec en première partie le groupe Amantique qui mériterait que l’on s’y attarde pour une prochaine fois. Leur musique autoproclamée comme du post-punk labyrinthique donne effectivement une impression de perdition, entre la basse tentaculaire de Matt Flegel, les guitares fiévreuses de Scott Munro et Daniel Christiansen et la batterie répétitive de Mike Wallace, on a l’impression d’entendre un long mix entre The Sounds et Orchestral Manoeuvres in the Dark dans une ambiance annonçant la fin du monde. Des compositions dans l’air du temps que j’écoute volontiers en faisant autre chose, sûrement parce que le groupe sait parfaitement s’accrocher dans les tréfonds de ma mémoire.
Le cinquième album de Preoccupations, « Ill at Ease », est sorti en mai dernier, mais il s’est lentement imposé dans mes habitudes comme une sorte de paysage codé entre l’élégance et le détachement passif d’un quotidien en désolation. Sur le refrain de Sken Matt Flegel scande un « I Can’t Believe the Apocalypse is taking so long », mais le groupe esquive le cynisme juste après avec un touchant « You’re the only thing that’s keeping me calm » placé entre deux lignes de basse réverbérées. Si demain n’existe pas, ou presque, on pardonnera aisément au quatuor de vouloir se concentrer sur l’instant présent. On n’en attendait pas moins d’un groupe qui ouvre son disque avec un titre comme Focus.
Ecouter Bastards c’est d’abord accueillir le réveil des machines avec une boite à rythme rêche et un synthétiseur branché sur des harmonies 80’s. Il suffit d’une suite d’accords de guitare noyés sous une couche de chorus et de delay pour que le titre bascule dans une sorte d’écho lointain du post-punk. Il n’en faut pas plus pour que Matt Flegel déclame un « I Think We are ready for the Asteroïd » avant de se lancer dans un pont assez court où sa basse passe subitement en avant dans le mix. Un intermède mélodique qui dessine en filigrane toute la force évocatrice des compositions de Preoccupations. Une impression largement confirmée pendant leur concert au Petit Bain.
Mathieu