Ty Segall – Possession

Ecouter le dernier album de Ty Segall relève parfois d’un hasard improbable. Selon le moment, vous pourrez vous retrouvez avec un disque instrumental de funk-jazz expérimental, comme « Love Rudiments » sorti il y a pile un an et dont les arrangements m’évoquent étrangement une version lisse de « The Mix Up » des Beastie Boys, ou bien vous aurez droit à du folk-rock assez classique avec « Possession ». La guitare acoustique est de rigueur, mais le solo en électrique demeure généreux, surtout quand une basse élastique et une batterie en béton armé lui servent une rythmique imparable. Ty Segall y chante d’une voix qui évoque autant le glam-rock que celui de ses ainés de San Francisco. Autant dire qu’on navigue en territoire connu.

Il n’y a pas si longtemps (une dizaine d’années quand même), Ty Segall jouait avec le chaos et subjuguait autant qu’il interrogeait avec une sorte de punk-rock-garage dont les contours vaguement indéterminés allaient relancer une musique plusieurs fois morte et enterrée. On a découvert en même temps John Dwyer dont la folie cathartique de Thee Oh Sees sera la plus jusqu’au-boutiste de cette scène, tandis que Ty Segall ou même King Gizzard and the Lizard Wizard prendront une tournure plus classique. « Possession » est sorti tout juste pour l’été et il demeurera un disque de plein soleil, si possible en road-trip vers la campagne, en n’oubliant pas de se rafraichir entre deux titres comme The Big Day, où la guitare est parfaitement accompagnée par le saxophone de Mikal Cronin, et Hotel avec ses arrangements symphoniques ourlés comme jamais.

En écoutant attentivement Shining on pourrait presque deviner les prochaines notes. Que ce soit la guitare électrique jouant un riff simple et tranchant avant de se terminer sur un solo des plus classiques, en passant par la suite d’accords joués en acoustique, sans oublier le pont avec ses inflexions légèrement prog, ça doit venir du saxophone, tandis que le chant de Ty Segall est plus lumineux que jamais. Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un titre que l’on a déjà entendu mille fois et pourtant il donne envie qu’on le redécouvre à nouveau. C’est là toutes les qualités sincères de sa musique, ne rien proposer d’autres qu’une parenthèse éclairée.

( ♫) Ty Segall – Shining

Mathieu

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