Jemima – Even The Dog Knows

Quelqu’un joue de la guitare électrique dans le salon. On entend vaguement un arpège ou deux filtrés par un étrange delay et une réverbération glaciale. La personne chuchote dans son micro quelques paroles dont on comprend vaguement le sens. Il pince les cordes de son instrument pendant un instant avant de passer à d’autres choses, comme enregistrer un bourdonnement avec un petit synthétiseur ou encore mixer des fields-recordings qui capturent une conversation en espagnol dans un parc, à moins que ce soit en portugais. Cette musique se diffuse doucement dans notre quotidien comme un fantôme amical dont on apprécie la présence fugace dans les interstices de nos vies.

Jemima est un duo londonien dont le troisième album, « Even The Dog Knows », est sorti discrètement au cours de l’été, aidé par le label All Night Flight Records, aussi un magasin de disques. Treize morceaux qui convient les débuts de Labradford dans un post-rock minimaliste composé avec les moyens du bord. Ten Thirty démarre comme une chanson folk avant de s’arrêter net au bout d’une minute, comme si tout était déjà dit et Where did the birds go when it rained semble se désintégrer pendant qu’on l’écoute, à l’image des boucles hypnotiques de William Basinsky.

Sur What is it, le duo se lance dans un dialogue entre deux guitares dont les échos lointains viennent couvrir les quelques phrases ânonnées dans un cours moment d’introspection. Au milieu de cette idioglossie comateuse, Jemima fait décoller son morceau avec une rythmique sourde, fatiguée mais sereine. Ce qui fait de ce « Even The Dog Knows » l’un des disques les plus délicats à écouter en ce milieu d’automne, ce qui le rend particulièrement indispensable.

(♫)Jemima – What is it

Mathieu

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