D’un côté, quatre types aux airs louches. Le bassiste écrase lourdement les cordes de son instruments lors des multiples breakdowns exécutés par le groupe, le batteur s’amuse à diviser la rythmique par deux en écrasant sa pédale de crash tandis que le guitariste achève tout le monde avec un riff totalement distordu et le chanteur hurle dans son micro d’une voix très grave. Rudnyy Jesus Lizard ou MetalCore ? Chat Pile ne choisira pas vraiment et c’est très bien comme ça. De l’autre, Hayden Pedigo, un digne représentant de l’americana et du finger-picking qui trimbale sa guitare acoustique depuis un peu plus d’une dizaine d’année, n’hésitant pas à enregistrer avec quelques pointures qui vont de Chuck Johnson à Charles Hayward.

Le groupe et le guitariste jouent aujourd’hui ensemble sur l’album « In The Earth Again ». De loin, la collaboration peut surprendre, mais celles et ceux qui prendront le temps d’écouter ce disque y trouveront un éventail d’expérimentations sonores allant du minimalisme de la corde pincée à l’exubérance sonore bruitiste, en passant par la ballade avec l’immense A Tear for Lucas où l’émotion sera à fleur de peau pour cette poignante conclusion. On navigue entre tension citadine et grands espaces, de la grisaille des anciens chantiers miniers du nord au désert lumineux et imposant du sud. Deux endroits des USA y cohabitent entre deux bourdonnements de guitare réverbérés et distordus.

Sur Radioactive Dreams les deux entités se mélangent parfaitement. On y retrouve ces arpèges de guitare clairs, les yeux grand ouverts vers les grands espaces, comme un drone lointain qui laisse la place à une rythmique froide et des riffs saturé comme jamais. Au milieu de tout ça, Raygun Busch, le chanteur de Chat Pile, donne l’impression d’être le dernier survivant d’un monde bombardé par une succession de bombe atomique. Fatigué et revenu de tout il semble trouver là une ultime raison de vivre encore quelques minutes de plus.

(♫) Chat Pile & Hayden Pedigo – Radioactive Dreams

Mathieu