Le besoin de s’arrêter, de prendre une pause. « On Patrol », l’un des quelques disques que Cameron Stallones a sorti cette année sour le nom de Sun Araw, tourne en boucle en ce moment. Au début, je m’étais dépêché d’écrire tout ce que j’entendais et appréciais de ce disque, mais rien de précis n’ait venu. Il fallait prendre du temps pour découvrir ce dub psychédélique, cette guitare claire qui ressemble à la fois à celles de Vinny Reilly et d’Ali Farka Touré, ces rythmiques tribaux, ces emprunts au jazz cosmique (de Sun Araw à Sun Ra, il n’y a que quelques lettres de différence). Un découverte faite sur internet, un disque acheté sur la foi du Label d’Amanda Brown, Not Not Fun Records, où l’on peut trouver aussi son side-project avec Zola Jesus sous le nom de LA Vampire et bien sûr Pocahaunted.
La musique de Sun Araw avance comme une sorte de dub psychédélique teinté de drones humides, où les guitares ne sont pas saturées et préfèrent évoquer le plaisir d’un été sans fin, où l’on resterait à la plage à fumer quelques joints en riant, détaché de tout ce qui se passe autour de nous. Ma Holo évoque même quelque chose de lointain, d’un autre temps, comme une forme de shamanisme qui ne pourrait être retrouvé qu’en s’abreuvant d’acide lysergique. Ca vous prend dès le début avec ce petit riff entêtant, et ça ne vous lâche plus avant la fin de “On Patrol”, jusqu’aux derniers instants d’Holodeck Blues.
Généralement, les premières notes de guitare de Ma Holo suffisent pour me placer dans une sorte de bulle dont j’aurais bien du mal à sortir. Les phrases, les petites mélodies deviennent hypnotiques au fur et à mesure des écoutes, on a l’impression qu’elles sont identiques, et puis progressivement on s’aperçoit de quelques variations, quelques détails qui changent légèrement au point que ces morceaux deviennent rapidement obsédants. Et puis, il y a Deep Cover, on y entend en plus quelques claviers qui bavent, avec des saturations légères, donnant une légère intention lo-fi aux effets hautement narcotiques . On navigue ainsi de note en note, d’écho en écho, rêveur, le regard lointain, les yeux rivés vers le ciel …
En fouillant sur le site du label Not Not Fun, on découvre que Sun Araw en est déjà à une dizaine de disques ou de cassettes. Une partie de ces albums sont en train d’être réédités en vinyle, certains sont déjà sur ma liste d’achats, et il a déjà enregistré « Off Duty », la suite de « On Patrol », on y entend un gros moment de psychédélisme avec Deep Temple. Avec tout ça on n’a pas fini de planer …
( ♫ ) Sun Araw – Deep Cover
Par Mathieu
Hello Mathieu.
Encore une fois je te le dis, sans aucune flatterie mais uniquement par pur sincérité (je suis comme ça, même si ça m’est reproché par certains sur le blog de J.Ghosn), j’aime bien ton style d’écriture, la façon que tu as de parler des disques que tu aimes !!
“..La musique de Sun Araw avance comme une sorte de dub psychédélique teinté de drones humides….Les phrases, les petites mélodies…..et puis..de quelques variations, quelques détails qui changent légèrement au point que ces morceaux deviennent rapidement obsédants..”
Moi qui ai écouté beaucoup de dub fut 1 temps, qui ai bien suivis la scène électro dub française (et lyonnaise) avec High Tone, Dub Inc. Improvisator Dub (Manu Tension), Zenzile, Ezekiel, Kaly Live Dub, etc…je vois tout à fait ce que tu dis là. Et c’est souvent cela le dub et même la tecghno/drum’n’bass pour les novices ou non-initiés : toujours la même chose. Mais quand on à l’habitude, que l’on écoute vraiment, on se rend compte des variations subtiles, du travail sur le son (LA particularité du dub), etc…
“Minmal is maximal” était la devise. D’ailleurs, le minimalisme, quand il atteint l’épure, est très complexe. Dans tous les arts, les grands maitres le disent et le recherchent : l’épure. Arriver à purger l’oeuvre de tout superflu !
En même temps, ce superflu en musique, j’aime bien. J’écoute et adore énormément le rock (ou la pop) quand il est très orchestré, lyrique, baroque !!!!!!
En tout cas, ton blabla donne vraiment envie d’écouter Sun Araw que je connais très mal (à part tout ce que j’en ai lu) !
A + +
🙂
Je ne suis pas très pointu en dub, mais Sun Araw emprunte quelques éléments de morceaux de dub que j’ai pu entendu (Jah Wobble, Bill Laswell, ou encore Lee Scratch Perry).
C’est vraiment une belle découverte. Ça me fait penser à plein de choses que j’aime. Thanks buddy.