le MIDI Festival avec Primal Scream

Samedi 23 Juillet, je pars pour Hyères, c’est le début des vacances et dans le train je reprends quelques forces après le concert des Swans la veille, car ce soir je me rends au MIDI Festival avec Madame. Le temps de régler un ensemble de formalités et déjà nous nous rendons à la Villa Noailles. Arrivés sur les lieux, nous entendons déjà l’écho de quelques notes autour de nous, on découvre alors Psychologist. Sur scène il y a Iain Woods qui chante et qui n’hésite pas à partir danser avec ses deux violonistes en sautant dans tous les coins lorsque les deux types qui mixent derrières lui balancent quelques beats grésillant tout en samplant sa voix. Plus hédoniste que sur son EP « Waves  Of Ok », Psychologist passe bien en cette fin d’après midi ensoleillée quoique légèrement nuageuse.

En attendant le prochain groupe, on se promène tranquillement dans les lieux, on chine un peu les vinyles, on retrouve des gens, on apprend la mort d’Amy Winehouse, et puis on voit Puro Instinct arriver sur scène. Mené par Piper et Skilar K. le groupe enchaine des titres de sunshine pop sonnant comme une obscure face B de Best Coast. Les filles sont jolies et les mélodies passent toutes seules avec l’ambiance délétère de l’été et la Villa Noailles, même si ça manque cruellement de personnalité.

Un peu plus tard, je vois sur la scène un gamin de seize ans qui commence à régler une Fender Telecaster, est-ce un roadie pré-pubère ? Il me faudra rapidement regarder le programme pour me rendre compte qu’il s’agit en fait de King Krule, et le reste du groupe n’est guère plus âgé. A l’instant, du haut de mes 34 ans, une pensée cruelle, « sale jeune ». Et puis ils ont joué un premier morceau. Et puis, même si ça ressemblait beaucoup aux Specials, au premier album de The Coral, voire au premier Artic Monkeys, il faut bien reconnaître que ce petit rouquin a du panache et de la classe, là, sous sa casquette, à regarder droit dans le yeux le public, à narguer tout le monde avec sa voix déjà si grave. Je vois là un bel avenir qui s’offre à King Krule, reste au groupe à ne pas tout gâcher comme tant d’autres …

La nuit a fini de tomber sur la Villa Noailles, un léger vent frais souffle, conditions idéales pour accueillir Dirty Beaches, dont j’ai adoré le récent « Badlands », et que je souhaitais voir plus que tout ce soir. Seul avec une guitare et un séquenceur, Alex Zhang Hungtai chante furieusement et intensément sur des rythmes primitifs et lo-fi avant de faire cracher sa Fender Stratocaster blanche de quelques riffs noisy et distordus bien sentis. Je me dis que si je n’ai pas vu Alan Vega à la naissance de Suicide, j’aurais au moins vu l’un de ses dignes successeurs. Et entre la rage adolescente et rock de Sweet 17 et le sample de Françoise Hardy sur un Lord Knows Best (à pleurer) je crois que ça sera l’un des moments forts de la soirée, même si la fatigue commence à se faire gravement ressentir (je ne me suis toujours pas remis de l’épuisant concert de Swans, la veille). Nous rentrons nous coucher, tant pis pour Washed Out

 

Dimanche 24 Juillet, l’Hippodrome de Hyères n’est pas très loin de ma location,  je m’y rends tranquillement pour aller voir Primal Scream, bien qu’un peu déphasé par ma troisième soirée de concert et le début des vacances …  J’arrive pendant le set de Holy Shit et il faut bien dire que c’est assez chiant. Comme je n’arrive pas à rentrer dedans, j’enquille une première bière en retrouvant quelques amis qui sont en train de dévaliser le vin rosé de l’espace VIP.

Je prends quelques verres et voilà Frankie & The Heartstrings, groupe de brit-pop anglais absolument sans personnalité mais dont l’énergie, qui évoque par moment celle des Franz Ferdinand du début (qui remonte à 2004, ça commence à dater cette histoire), réussit à me sortir de ma torpeur qui me laissait jusqu’ici dans un état vaguement léthargique.

On m’offre alors une seconde bière et je décide d’en rester là niveau alcool pour voir Primal Scream jouer intégralement « Screamadelica ». Je m’approche de la scène, et déjà tout autour de moi les spectateurs partagent un joint, histoire de ressentir un léger sentiment de détachement dès l’écoute des premières notes de Movin’ On Up, introduction tranquille aux hymnes hédonistes que sont Slip Inside This House, Don’t Fight It, Feel It, un doublé mené par un Bobby Gillepsie toujours aussi classe (et le regard un peu lointain) qui plonge le public dans une espèce de joie béate dont il est bien difficile de résister. Et tant pis si Loaded ressemble parfois à une remake de Sympathy For The Devil version dance-floor (dans le public, on entendant parfois un groupe qui criait des Woo Woo Jaggeriens), tant pis si on discerne quelques riffs repiqués à Funkadelic (il me semble reconnaître celui de Mommy, What’s A Funkadelic ?), tout cela est juste bon à écouter, même si fortement teinté de nostalgie rétro-90’s. Je ressors de là joyeux, détendu et impressionné. D’abord par le jeu de basse de Mani qui demeure l’arme secrète et ultime du groove de Primal Scream en live et ensuite par le jeu de maracas de Bobby Gillepsie, preuve s’il en est qu’il a su garder un certain sens du rythme depuis son jeu de batterie honnête sur le premier album de Jesus And Mary Chain.

Voilà, c’est fini et je suis épuisé. C’est les vacances et j’ai envie d’écouter de la sunshine-pop californienne …

Par Mathieu

D’autres posts sur le MIDI Festival : Derrière La Fenêtre, Chez Joseph Ghosn, Magic RPM

6 thoughts on “le MIDI Festival avec Primal Scream

  1. Quelle chance ! Swan et ensuite le Midi Festival qui avait l’air top avec sa prog’ béton, le soleil et la mer. Primal Scream (exclu française), Dirty Beaches………et les 2 magnifiques créatures blondes et sexuelles de Puro Instinct. J’adore ce groupe !!!!

    Et vive la sunshine-pop californienne……..

    1. Oui, c’était bien et j’enchaine la semaine prochaine avec la Route du Rock. Sinon Primal Scream reviendra jouer Screamadelica sur Paris à la Rentrée (le 6 septembre à la Cigale)

  2. même avis sur Dirty Beaches ! Washed out valait le coup aussi.
    pour Bobby & co, un set un poil trop court mais intense ! a+

    1. Primal Scream a joué tous les morceaux bien dansant de Screamadelica, dans une version d’ailleurs bien plus longue que sur disque. Mais c’était intense !

  3. La Route Du Rock la semaine prochaine, la classe !!! Je trouve que c’est le festival français qui a la meilleure programmation, la plus indie et pointue.
    Travaillant hélas tout l’été, je ne pourrai y aller. Parmi les groupes/artistes que j’aurais vraiment le plus aimé voir :
    _ Sebadoh, Electrelane et Aphex Twin (que je n’ai jamais vu) le vendredi
    _ le slowrock hypnotique et envoûtant de Blonde Redhead et Low le samedi
    _ le folk pastoral de Fleet Foxes (même si leur denier album m’a moins convaincue que leur extraordinaire premier), la noisy pop/shoegaze de Crocodiles, la techno déjantée de Dan Deacon, le folk rock d’Okkervil River et le songwriting torturé de Josh T. Pearson.

    En tout cas, bonne vacance et bon festival. Mets-toi en plein les oreilles (et les yeux) et n’hésites pas à nous faire des petits posts sympas.

    A + +

  4. Franchement j’étais au concert de Primal Scream, et j’hallucine comme personne n’a parlé du fait que le public étai mou, et malgré les ovations qu’il laissait s’échapper, ben Bobby disait des trucs comme “Impliquez-vous !” ou “Bon c’est surement la dernière fois que vous nous verrez, alors dansez comme si il n’y avait pas de lendemain !”
    On a pas eu d’encore, mais à la plaçe un gros larsen pas très sympathique.
    Le groupe avaient même l’air de se moquer du public parce qu’au lieu de danser, il applaudissez les mains en l’air comme signe de reconnaissance.
    En plus l’alcool était super cher (je dis pas que c’est le seul moyen de se mettre à danser, mais ça aide grandement)

    Franchement, j’en suis ressorti avec une boule dans la gorge de ce concert. Et pourtant le groupe était plutôt en forme…

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