Elle habite dans une maison au milieu de nulle part, dans la campagne madrilène. L’entretien est un peu relâché ces derniers temps, il fait beau et la vie en communauté vous déconnecte complétement du rythme de vie en environnement urbain. Après avoir traversé un immense champ, on entre à l’intérieur par une petite porte, et déjà on aperçoit une vieille guitare espagnole posée sur le canapé, dans le salon. Quelques micros sont installés de part et d’autre de la pièce, il y en a un qui est un peu plus gros, il est sûrement utilisé pour capturer la voix lors de l’enregistrement.
Un chien traverse le salon et s’en va galoper dehors. Il fait un peu plus frais à l’intérieur de la vieille maison qu’à l’extérieur, sous le soleil. On s’assoie sur un fauteuil, on prend des nouvelles, on discute pendant quelques heures en fumant des cigarettes et en buvant quelques bières. C’est seulement au moment où l’on voit le soleil se coucher que l’on prend conscience du temps qui vient de se passer. On demande ce qu’elle pense de la guitare. Elle nous répond qu’elle sonne bien, qu’elle joue souvent avec sur scène. Le reste du groupe vient de rentrer, il va falloir jouer.
( ♫ ) Josephine Foster – Child Of God
On se pousse dans un coin de la pièce pour regarder l’enregistrement. Il y a une petite batterie, quelques percussions, la rythmique est décontractée, on entend une guitare acoustique, mais il y a aussi une électrique et puis une basse, là pour charpenter quelques profondes vibrations. Quelqu’un manipule une vieille table de mixage, il fait quelques signes de la main, comme pour indiquer que ça va commencer. Elle s’approche du micro et se met à chanter d’une voix si belle et si fluide que l’on reste là, comme hypnotisé.
On discute encore un peu après, mais il faut déjà repartir. On s’embrasse, on sert des mains, on se dit qu’il y aura ensuite des interviews, des photos, des écoutes du disque pour analyser mille fois la même chose, l’évidente beauté de ces compositions. Plus tard, dans le train, de retour vers la ville, on ressentira déjà comme un précieux sentiment de nostalgie …
( ♫ ) Josephine Foster – Waterfall
Par Mathieu