On se sent comme étouffé dès la première écoute. On y entend des guitares abrasives, distordues, chaotiques. Il y a plein de delays qui accentuent encore plus la violence et l’étourdissement de ce tremolo picking répété jusqu’à la nausée. La batterie va vite, très vite. Le tempo est épuisant. La basse est lourde et vous écrase un peu plus à chaque note.
Et puis il y a ces cris poussés jusqu’à s’en déchiqueter les cordes vocales avec du verre pilé. La gorge est anéantie, déchirée, massacrée, excluant ainsi toute tentative mélodique à laquelle on pourrait encore se raccrocher. On n’est pas loin de la rupture. On est plongé dans les limbes obscures de la souffrance labyrinthique. On a du mal à tenir le coup. On se demande combien de temps encore on va encore pouvoir écouter ça.
Les riffs se font de moins en moins rapides. La batterie se calme un peu. On distingue progressivement des notes de plus en plus claires. Les cris se sont arrêtés. On est abasourdi mais on se sent soudainement bien. On se sent comme purgés par ce hardcore strident. On n’est pas très loin des ambiances atmosphériques de certains groupes de post-rock, si ce terme veut encore dire quelque chose …
Et puis ça repart encore de plus belle. Cette fois-ci on accueille beaucoup mieux cette musique. On y prend du plaisir. On se baigne dans cette roche en fusion. Le soleil ne sera bientôt plus là pour nous éclairer, nous serons tous morts de froid, recroquevillés sur nous même, complètement nus, le regard fou, perdu dans le lointain. D’ici là, je crois qu’il faudra écouter de nombreuses fois Sunbather …
( ♫) Deafheaven – Sunbather
Mathieu