Michael Gira se tient sur la scène. Il déambule comme un boa constrictor qui s’apprête à étrangler sa victime. Il tient fermement sa Gibson demi-caisse, il regarde le bassiste et les deux batteurs. Il monte le manche de sa guitare. Quand il l’abaisse tout le monde martèle lourdement le même accord jusqu’à plus soif. Michael Gira porte des santiags, une chemise sombre et un chapeau de cowboy blanc. Il contrôle le groupe et regarde froidement la foule. Le son te défonce les neurones et le morceau s’étire sur trente minutes. On ne distingue plus le plaisir de la douleur.
( ♫) Swans – Screen Shot
Michael Gira entre en état de catatonie. Son corps tremble. Il s’écroule sur la scène en position de chien de fusil. Ses yeux sont fermés. Tout le monde le regarde, le public, le groupe qui l’accompagne. Tout le monde se moque de lui, on plaisante, on se marre. Le rire est crispé, gênant, grotesque. Le groupe joue plus calmement. La rythmique se calme, les riffs de guitare sont plus clairs, on entend aussi de la pedal-steel, la basse tisse une ligne mélodique et répétitive. L’ambiance est sombre, la violence est contenue. Et puis Michael Gira se relève et fait le con.
( ♫) Swans – Just A Little Boy (for Chester Burnett)
Michael Gira danse compulsivement. Il comme hypnotisé par les mélodies vaguement orientalisantes. Il regarde le public en le menaçant du doigt. Il pousse un rire effrayant. Il est le chef d’orchestre autoritaire. Il reprend sa guitare pour mieux écraser le public avec de nouvelles saillies sonores (cliché). L’installation sonore déploie un immense bourdonnement qui finit de plonger le public dans un état second. Certains dansent, d’autres finissent nus, les spectateurs sur le devant se font du mal en pogotant, un gars se tient en retrait pour prendre une photo. L’univers tourne dans un immense mandala narcoleptique. Swans viendrait-il de sortir un grand disque psychédélique ?
( ♫) Swans – A Little God In My Hands
Mathieu