Vendredi 13 Janvier, FGO-Barbara affiche complet ce soir avec Oiseaux Tempête et Jozef Van Wissem. La salle n’est pas encore ouverte, j’en profite pour prendre un verre avec un ami et discuter avec quelques têtes croisées ici et là en concert devant l’exposition Passe le Mic. Tout Est Beau est en charge de démarrer la soirée, seul, debout, face à une batterie et quelques synthétiseurs, avec un masque-micro étrangement trafiqué sur la tête. La suite est une succession d’accords triturés à l’arpégiateur tout en concassant méthodiquement ses toms avec trois baguettes (oui trois). Et pourtant l’efficacité ne se tarit pas dans cette musique qui mélange allègrement electro, kraut-rock ainsi que noise déstructuré. Cette façon de jouer avec l’énergie constitue pour moi l’une des plus belles découvertes en ce début d’année.
( ♫) Tout Est Beau (Live)
Cela fait bien la troisième fois que je vois Jozef Van Wissem sur scène. Je me souviens d’une première fois aux Voutes où il était accompagné de Heresy of the Free Spirit, à jouer de la musique contemplative. Il y avait aussi ce concert au Petit Bain où il était seul avec son luth devant un public visiblement conquis. C’est dans cette configuration qu’il joue ce soir – petite différence avec son instrument de prédilection qui me semble encore plus gros et sombre que d’habitude. Entre deux micro-pièces musicales, Jozef Van Wissem chante parfois d’une voix grave qui n’est pas sans rappeler celle de Nick Cave et insiste doucement sur les basses de son luth. Le finger-picking est à la fois mélodique et minimaliste et ceux qui étaient venu le voir suite à la bande originale qu’il avait composée pour l’avant-dernier film de Jim Jarmusch repartiront probablement heureux. En ce qui me concerne la fascination pour cette musique acoustique ne retombe pas, une échappée qu’il faudra revisiter une quatrième fois.
( ♫) Jozef Van Wissem (Live)
S’il fallait sélectionner un jour les plus belles ouvertures de concert que j’ai pu voir tout au long de ma vie il est fort probable que je garderais une liste avec celle jouée ce soir par Oiseaux Tempête. Jugez plutôt : un premier mouvement tout en bourdonnements saturés de guitare et de basse – une Fender VI me semble-t-il – avec des percussions spectrales, une clarinette basse qui joue une suite de notes vaguement orientalisantes, et enfin cette voix sortie de nulle part qui n’est pas sans me rappeler Demis Roussos sur la bande-son de Blade Runner. S’ensuit un deuxième mouvement tout en puissance tellurique, basse et batterie marquent une rythmique martiale qui me rappelle un autre concert des Swans, avant que tout ça se calme dans un ultime riff de guitare étrangement bluesy. G.W. Sok – chanteur chez The Ex et aussi King Champion Sound – arrive sur scène pour nous raconter l’un des textes les plus tristes qui soit. Il se retire doucement alors que cette musique redémarre dans un déluge sonore plein d’électricité bienveillante. Pour le reste du concert, je me suis contenté d’écouter, les yeux à la recherche de la mer et des étoiles.
( ♫) Oiseaux Tempête (Live)
Texte, enregistrements et mauvaises photos par Mathieu Gandin