Vendredi 5 Juin, une goutte de pluie tombe dans mon verre de vin alors que je discute avec un ami de longue date. Dans la salle de l’Espace B, Appalache commence de jouer en empilant plusieurs phrases de guitare à l’aide d’un sampler tandis que le batteur – qui joue aussi dans le groupe Jean Jean – cogne consciencieusement sur ses fûts. Je me souviens avoir écouté d’une oreille discrète la K7 « Achievement March » sortie il y a deux ans chez BLWBCK, les mélodies étaient plus contemplatives, tournées vers l’introspection, et ça s’écoutait bien. Ce soir, sous les coups répétés de la grosse caisse, la musique d’Appalache s’accélère et donne par moment l’impression d’entendre une version lo-fi d’Akron/Family (ce qui est plutôt une bonne chose).
( ♫) Appalache (live)
Vers la fin du concert, Nick Bindeman – le guitariste et chanteur d’Eternal Tapestry – joue sur une petite flûte et je m’attends presqu’à le voir se tenir sur une seule jambe. Le reste du temps il joue avec une copie de Gibson SG fabriquée dans les années 70 par Ibanez et c’est un signe qui ne trompe pas, cet instrument est capable d’ouvrir les portes les plus obscures de la psyché absolue. Ce concert partira très loin, les notes du clavier analogique viennent perturber certaines zones mystérieuses de nos cerveaux, la basse et la batterie semblent utiliser une forme ancestrale d’hypnose afin de capter l’attention de nos pupilles dilatées. Sur les solos de guitare, il me semble apercevoir dans l’obscurité cette ville spatiale cachée dans les confins de l’infini (diable, ce rhum arrangé était bien chargé). Ce soir, nous ne sommes pas nombreux à voir Eternal Tapestry, mais il est fort probable que chacun se souvienne de ce concert comme d’un immense moment cosmique, et cela pour de nombreuses années …
( ♫) Eternal Tapestry (live)
Textes, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin