La guitare joue quelques accords lointains, sur un rythme plutôt lent, la batterie est minimaliste, un seul type de battement, jouée debout avec des baguettes à balais, chaque note de basse résonne, accentuant un peu plus cette composition minimaliste de quelques phrases mélodiques et graves.
Cette fois ça y est, l’histoire du groupe était terminée, Laurent c’était engueulé avec Jean-Christophe, le chanteur (et de temps en temps claviériste). Avant la fin de la dispute, Paul avait rangé sa basse et était reparti sans rien dire.
« Bon sang mais arrête avec tes imitations merdiques de Bono ! »
« Connard ! Mes imitations merdiques de Bono nous ont permis d’avoir du monde dans les salles ! »
« Tu crois vraiment que je cherche à faire de la musique pour ressembler à tes groupes de merde ! »
« Groupes de merde ? Va chier avec ta Jazzmaster et tes effets inutiles ! Ce ne sont pas tes compos qui nous nous feront connaître ! »
« Ce sont elles qui nous apportent un peu de créativité connard ! »
« Ouais, bah pas de problème pour ta créativité, tant qu’on la garde pour des faces B ou des inédits … »
« Pauvre con, tu es incapable d’écrire quoi que ce soit !… »
C’est à ce moment que la conversation a pris un sale tournant, c’est à ce moment que Laurent a reçu un coup de clavier sur la tête, c’est à ce moment que Joann s’est extirpé de ses fûts pour séparer Laurent et Jean-Christophe, c’est à ce moment qu’un peu de sang s’est mis à couler sur l’arcade sourcilière …
Depuis le début, Jean-Christophe faisait dans le social pour que le groupe décolle, toujours à trainer avec des producteurs louches, dont l’unique ambition était de rapporter le plus d’argent possible sur le dos des artistes, et cela en dépit de la musique qu’ils pouvaient jouer. A force de briller dans les soirées où il fallait être et d’enrichir son carnet d’adresses, Jean-Christophe était devenu pédant, énervant, dégoûtant, surtout quand il cherchait à imposer des tendances foireuses dans les compositions du groupe. A tel point que son attitude encourageait Laurent à se radicaliser, à produire des sons stridents à la guitare, à écrire des morceaux de plus en plus longs, de plus en plus lents ; tout ce qui pouvait enlever du caractère commerciale à la musique l’intéressait de plus en plus …
Cette tension ne pouvait plus durer, il était temps d’en finir, les excuses viendront plus tard et puis on ne se verra plus. Chacun repart de son côté et tente de faire du mieux qu’il peut, sachant que ça sera toujours moins bien qu’en groupe, mais il est trop tard maintenant. Il ne reste plus rien à faire, à part peut être écouter Violence de Low.
( ♫ ) Low – Violence
Par Mathieu
PS : Ceci fait d’une histoire un peu décousue qui devrait s’étaler sur plusieurs chroniques de disque.