Bill Callahan – Apocalypse

… A partir de maintenant il allait disparaître à jamais, ce n’était pas la peine de le retrouver. Le lendemain il n’était plus là … Il avait fait ses valises la veille, puis  le plein d’essence. Il était parti dans la nuit ; il repense parfois à ces rues vides, à ce périphérique désert, à ces gens qui dorment encore. Sur la route, il avait mis en marche son autoradio, il écoutait du jazz sur une station découverte par hasard. Après avoir quitté la ville, lorsqu’il s’est retrouvé en plein milieu d’un champ de Normandie, il s’est mis à écouter du folk. Il finissait sa dernière cigarette …

J’aime beaucoup l’enchainement des trois premiers titres, Drover, Baby’s Breath, et America! Ca démarre avec peu de choses, la voix grave  de Bill Callahan, un coup chantée, un coup parlée, puis quelques accords de guitare, souvent sur des cordes pincées, parfois avec des accords simples, ceux qui ont été utilisés tant de fois pour écrire un morceau de musique mais qui sonnent toujours comme si s’était la première fois qu’on les entendait. Sur America ! j’aime beaucoup la manière dont Bill Callahan fait rejoindre la parole à l’action et égratigne cette Amérique si conquérante (d’ailleurs si vous voulez décortiquer les textes de Bill, c’est par ici).

Par moment les compositions de Bill Callahan deviennent plus légères, voire funky sur Universal Applicant, à tel point qu’on se demande presque si c’est le même Bill qui chantait il y a quelques années une chanson aussi saisissante que Blood Red Bird. On serait presque là à regretter le temps où il avait pour surnom Smog et sonnait plus désespéré, et puis on se dit que ça ne vaudrait pas la peine de refaire des disques comme avant, et que ces changements de directions vers un songwriting plus classique sont finalement une bonne chose pour la musique de Bill Callahan.

Il était parti, il avait pris sa voiture puis il avait roulé à fond sur l’autoroute, avant de choisir de se perdre au milieu des petits chemins dans la campagne. Autour de lui il n’y avait que de la verdure sur plusieurs kilomètres à la ronde ; il se fichait pas mal de cette solitude, au contraire ça le rendait plutôt heureux de se sentir enfin seul, comme déconnecté du reste du monde, ou presque, puisque son autoradio passait une sorte de folk apaisant. Il se surprenait à chantonner quelques mélodies de sa voix grave, ça ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps. Demain, il s’arrêtera et posera ses affaires dans la vieille maison …

( ♫ ) Bill Callahan – Baby’s Breath

Par Mathieu

3 thoughts on “Bill Callahan – Apocalypse

  1. Très beau papier sur un disque qui l’est tout autant. J’avais aimé en 2009 “Sometimes I Wish We Were an Eagle”. Mais là, on passe encore un cran au dessus car ce disque est une merveille.
    C’est peut être le plus disque de folk que j’ai écouté cette année, avec quand même pas loin derrière “Anna Calvi” et “Helplessness Blues” des Fleet Foxes….

    A + +

    1. Pour moi il reste du même niveau que son précédent “Sometimes I Wish We Were an Eagle”, sinon de Billou, j’aime beaucoup “Red Apple Falls”, sorti quand il s’appelait encore Smog. Un album produit par Jim O’Rourke d’ailleurs !

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