Tu te tiens debout, un peu en retrait dans le fond de la salle. Sur la scène, le groupe vient de démarrer son set, le bassiste hurle tout en plaquant violemment quelques accords sur son instrument, les deux guitaristes font sortir d’étranges sons bruitistes de leur amplis, et le batteur cogne rageusement sur ces futs. Devant toi, il y a la foule, tu esquives les headbangers aux cheveux pleins de sueurs, tu repousses ceux qui se donnent des coups de coudes lors des pogos, et surtout tu maudis les slammeurs. Tant qu’il font leur gymnastique sur le public ça va encore, mais tu les détestes lorsqu’ils montent sur scène et t’empêchent d’apprécier tranquillement le concert. Ce soir, alors que tu finissais tranquillement ta flasque de whisky, ils ont encore recommencé. Lorsque le slammeur est monté sur scène le groupe s’est arrêté de jouer. « We are the band. You are the fucking audience. »
( ♫ ) TAD – Potlatch
Il se tourne dans le lit, un coup sur la droite, un coup sur la gauche, la tête tourne, puis il s’endort. Plus tard les rayons de soleil viendront le réveiller. Quelle heure est-il ? Il ne sait pas, il a juste mal au crâne, saleté de gueule de bois. Il a encore bu hier soir, à moins que ça ne soit l’autre jour, il ne s’en souvient plus. Il y a quelque chose qui le ronge de l’intérieur, mais il ne sait pas quoi. Un jour peut-être il trouvera, d’ici là il se prépare un café fort. « God Help The Beast In Me ».
( ♫ ) Red – The Beast In Me (Nick Lowes’s cover)
J’aime beaucoup « The Curtain Hits The Cast » de Low, leur troisième album sorti en 1996. A l’époque le trio était encore composé de Mimi Parker, Alan Sparhawk et Zak Sally ; chacun prenait le temps d’étirer, d’étendre, d’allonger le plus longtemps possible chaque note jusqu’à leur descente. Over The Ocean, le titre qui se trouve en troisième position de « The Curtain Hits The Cast », est beau à pleurer, les voix de Mimi Parker et Alan Sparhawk sont si belles de mélancolie, les accords mineurs de guitare sont si lointains et triste, tandis que la basse maintient une étrange rythmique sombre. Le clip de ce morceau est tout aussi beau, le groupe joue au ralenti au milieu d’une pièce vide où on voit s’écraser des assiettes, une table ou un grille-pain. C’est sûrement l’un des plus beaux titres apaisants que je ne me lasse pas d’écouter le soir.
« Over the hills
over the dell
over the firelight
over the sand
over the glen
over the empire
And if I belong then I’ll be longer than expected.
And if I’m if I’m wrong, the mighty and strong will be rejected. »
( ♫ ) Low – Over The Ocean
Par Mathieu
Lorsque tu parles des slammers, pogoters et autres headbangers dans ton texte n°1, ça me rappelle l’excellente BD (euh non le chef d’œuvre plutôt devrais-je dire) de JC Menu “Lock Groove Comix 1”. Il y dessine ce que tu décrit dans la partie “Les plaies des concerts”.
C’est vrai que “Over The Ocean” de Low est magnifique mais Je ne connais pas le clip.
De Low, j’aime énormément un album dit mineur par beaucoup, “The Great Destroyer” (2005). Ils y accélèrent le propos et jouent moins dans la lenteur contemplative. “California” et surtout “Everybody’s Song” sont carrément envoutants.
“Drums and Guns” est aussi très bon avec une prod’ excellente et originale : enregistrement en stéréo, voix, cordes et sons d’un coté, rythmiques et guitares de l’autre, comme “The Gift” du Velvet Underground (sur “White Light/White Heat”).
Superbe chronique narrative comme tu sais si bien le faire.
A + +
🙂
Oui, le bout de texte sur TAD est clairement inspiré de ce passage de JC Menu dans Lock Groove Comix, et je l’assume 🙂
Sinon, j’aime un peu tous les albums de Low, à chaque fois il y a quelques choses de différents, et à chaque fois on retrouve cette fragilité, et à chaque fois c’est plutôt réussi.
Par rapport à “Lock Groove Comix 1″, ce n’était pas 1 reproche ou accusation ! Non, juste qu’en lisant ton texte, ça m’a rappelé la BD. D’ailleurs, j’ai découvert TAD.
Quand à Low, tu as raison, chaque fois différent et chaque fois réussi. Discrètement, Low se construit une œuvre unique et essentiel !!!
A + +
Pas de soucis Francky 01 😉 je ne l’avais pas pris comme un reproche ou une accusation.