Samedi 23 mai, une vague de fuzz s’aventure vers un voyage psychédélique au cœur de l’inconnu et la guitare est branchée sur un étrange amplificateur. La batterie martèle une rythmique répétitive qui semble progressivement se confondre avec le battement nerveux de mon palpitant. Le clavier analogique en rajoute pas mal en matière de bourdonnements distordus. La voix surnage au dessus de tout ça et je reconnais instantanément les paroles de cette musique que j’ai tant écoutée l’hiver dernier. Centenaire ouvre le bal pour cette première journée de concerts gratuits organisés par Villette Sonique et je ne vois pas écouter de mieux pour démarrer cet après-midi.

( ♫) Centenaire – Goodbye Good Times (live)

Un déplacement de quelques mètres, un clavier Moog dont je n’arrive pas à reconnaître la marque – de toute façon à ce jeu-là je me débrouille mieux avec les guitares – et un chanteur maquillé glam porte une combinaison grise avec une araignée dans le dos martèlent une rythmique bruyante à vous faire hocher frénétiquement la tête. Les titres dépassent rarement les deux minutes et procurent juste ce qu’il me faut de garage-rock même si je ne serais pas contre un supplément de riffs lourds pour que cet instant soit parfait. Note pour plus tard, ne pas oublier d’écouter Pow ! sur disque pour voir s’il en reste quelque chose …

( ♫) Pow! (live)

Je tourne en rond avant de trouver la scène du jardin des îles. Le groupe Wild Classical Music Ensemble vient de démarrer son set avec des compositions magnifiquement chaotiques et noisy. Quatre des cinq musiciens ont un handicap mental et chacun improvise sauvagement à un point tel que ça me prend à la gorge sans trop savoir pourquoi. Le tout est servi sur une rythmique presque freejazz et par moment, quand les musiciens hurlent de le micro, j’ai l’impression qu’ils font plus de bruit que certains chanteurs de grindcore …

( ♫) Wild Classical Music Ensemble (live)

Bataille Solaire est en train de fumer une clope quand il finit son set en bidouillant sur son laptop. En ce qui me concerne, j’en profite pour faire une pause en m’allongeant dans l’herbe.

Et soudain la terre tremble et la mort s’abat sur nous. Les gens se cognent avant de se mettre à crier. Le son du drum-bass programmé sur une boite à rythme infernale s’écrase violemment dans nos oreilles pour réduire en bouillie le moindre petit morceau de nos tympans. Le synthétiseur et la guitare joue une mélodie mortelle qui vient détruire copieusement nos derniers neurones encore en vie et David Lemoine regarde la foule droit dans les yeux avant de hurler dans son micro un cri guttural. Je dois partir après cette version titanesque de Ice Ice Baby et tant pis si ce concert de Cheveu avait quelque chose de monstrueux …

( ♫) Cheveu – Ice Ice Baby (live)

Textes, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin