Mardi 27 Mars. Je suis épuisé, cela fait presque un mois que je ne suis pas allé à un concert et je suis encore un peu déçu de ne pas être allé voir Grouper la semaine dernière. On me prévient que Disappears et White Hills jouent ce soir au Glazart. Tant pis pour la fatigue, j’achète les places illico et me voilà vers 19h au métro Porte de la Villette. J’entre dans la salle, je fais partie des premiers arrivés. Au milieu de la fosse se trouve deux vieux synthétiseurs, dont un Crumar. C’est le matériel de Bitchin Bajas, le duo qui ouvre la soirée.
Assis face à face, les musiciens de Bitchin Bajas n’ont qu’à appuyer sur quelques touches et tourner deux ou trois potentiomètres de leurs claviers analogiques pour déclencher en moi cet état second procuré par l’écoute prolongée de nappes psychédéliques. Leur premier titre est presque un immense drone qui n’est pas loin de rappeler les improvisations musicales de Justin Wright. Dès le second titre, Bitchin Bajas lance des patterns rythmiques plutôt efficaces évoquant Kraftwerk. Au bout de quelques temps je me sens comme détaché de l’agitation qui m’entoure.
Je sors prendre l’air et je retrouve plein de gens croisés lors de quelques concerts et numériquement. On discute, on prend des verres, et j’entend déjà un vague bruit de basse et de guitare. Je rentre de nouveau dans la salle, Booze est sur scène et se lance dans une longue série de déflagrations noisy, où le guitariste et le bassiste échangent leurs instruments tous les deux morceaux. La basse est très présente, et en fonction du musicien elle évoque en moi soit des tonalités post-punk (ça c’est quand elle est jouée au médiateur, et ça passe bien) soit des tonalités fusion (ça c’est quand elle est jouée aux doigts, et ça passe moins bien.) Certains titres ne décollent pas toujours et c’est dommage, mais ces quelques instants suffisent pour me chauffer les oreilles avec un premier mur de distorsion.
( ♫ ) Booze (Un titre capturé depuis le fond de la salle)
Deuxième tournée au bar, ça discute chaleureusement, ça me change de l’ambiance de mon dernier concert. Je retourne dans la salle et White Hills est déjà sur scène. Ils jouent un accord et je suis déjà surpris par le volume sonore. Il ne faut pas longtemps pour que le power-trio mette le feu à mes oreilles. Je hoche alors de la tête tout en prenant un plaisir immense à écouter ce rock psychédélique. On y entend une basse répétitive, hypnotique, jouée comme une guitare, avec des accords graves et puissants. Il y a aussi cette guitare heavy, gavée de fuzz, comme sortie d’un vieux disque d’Hawkwind. A la fin du set, je finis quelque part dans l’espace mais je ne sais pas où. Je devais déjà être scotché, comme dans un état second, car je ne me souviens plus quand j’ai enregistré ce titre de White Hills …
( ♫ ) White Hills (Un titre toujours capturé depuis le fond de la salle)
Nouvelle rasade de bière, et tant pis pour la journée de demain qui s’annonce d’ores et déjà difficile. C’est au tour des petits jeunes de Disappears de jouer, avec monsieur Steve Shelley en personne à la batterie. C’est peut être le précédent set de White Hills qui m’a mis sur orbite, mais malgré l’indéniable efficacité de Disappears, je les sens un peu en retrait. Même si monsieur Steve Shelley se démène derrière les futs, les titres ne décollent pas toujours. La basse suit, les guitares sont bien distordues, presque noisy et psychédéliques, mais il faut attendre le rappel pour sentir le groupe se lâcher définitivement devant le public en sueur. Note pour plus tard : il faudra quand même que je les revois en concert à d’autres occasions.
Je ressors épuisé mais heureux de cette soirée. Mes oreilles sifflent encore quand je remonte vers la Villette, en quête d’un taxi pour me ramener à l’autre bout de Paris. Chez moi, je me dis qu’il faudra que je réécoute tout cela au calme …
( ♫ ) Disappears (titre capturé pas très loin de la scène)
Texte, photos et bootlegs (effaçables sur demande) par Mathieu Gandin
Bon compte-rendu de concert, comme toujours. Celui-ci avait particulièrement cool !
De Bitchin Bajas, je connais seulement “Tones & Zones” (2010) à la pochette esthétiquement séduisante (une peinture abstraite) et à la musique très organique, remplie de synthés vintages, de sonorités cosmiques et de drones telluriques. Un trip musical fait de recherches soniques et de divagations bruitistes.
Booze, je ne connais pas.
De White Hills, je ne possède que leur collaboration avec Gnod dont tu as parlé récemment, le Space-rock-Split “Gnod Drop Out With White Hills II”. Un groupe “bête de scène” il parait….Et ce que tu en dis le confirme.
Et Disappears, je connais très mal ce groupe.
A +
Disappears et White Hills viennent de sortir chacun un nouvel album, l’écoute est chaudement recommandée (en particulier Frying On The Rock de White Hills)