Et pour la première fois de ta vie tu n’as plus peur, tu te sens libre. Tu regardes le ciel ensoleillé, tu respires et tu sens les contraintes partir, loin. L’émotion venait lentement, comme une sensation si douce en cette fin de mois de septembre, tu as bien fait d’attendre l’automne. Cette liberté signifiait beaucoup quand tu étais plus jeune, elle se limitait aux voyages. Mais maintenant ça voulait plutôt dire aller chercher quelque chose en toi, comme cette envie de jouer deux accords de guitare sur une Fender Mustang, comme cette envie de presser les touches d’un clavier analogique aux sonorités brumeuses, comme cette envie d’écrire un slow langoureux qui s’intitule Un Soir, Un Chien.
De Laetitia Sadier il y aurait tant à dire, sur son immense travail d’écriture chez McCarthy, Stereolab ou encore Monade ; on y chante souvent la révolution avec une voix distante, délicate et douce, en français et en anglais, avec un accent. Jamais accent français n’aura été aussi beau à entendre en anglais. Une voix qui n’évoque grand-chose chez certains mais qui me touche souvent. Je me souviens avoir vu Stereolab au Trabendo en 2003, c’était pour la sortie de « Margerine Eclipse », j’avais été frappé par trois choses : le jeu de guitare rythmique de Tim Gane, Andy Ramsay à la batterie, et la voix de Laetitia Sadier.
Tu cherches à t’astreindre, un moule pas trop contraignant, car il en faut bien pour avancer. Tant de musiques ont déjà été faites, alors autant choisir quelques choses qui sonnent rétro ou kitsch, avec des rythmiques répétitives et hypnotiques, des guitares lascives et légèrement tropicales, quelques notes de piano. Un cadre simple pour accueillir des textes, une ambiance, des émotions, des images, soi-même, des voyages … On part très loin, By The Sea, puis on retrouve Gershwin avec une reprise de Summertime, avant de finir allonger sur un canapé, Un Soir, Un Chien. C’est tout une vie qui s’offre à toi.
Alors tu respires encore un coup, tu regardes à travers les branches des arbres, c’est la fin de l’après midi, le carcan est loin. Tout ceci n’a plus de prise sur toi, un voyage, « La tempête parfois se calme laissant apparaître un château ». C’est la fin de la coercition, le début de la volupté, c’est peut être ça la révolution …
( ♫ ) Laetitia Sadier – Natural Child
Par Mathieu
J’ai bien aimé ton texte bucolique, qui nous demande d’aimer cette artiste mais qui nous survend pas la chose
Aussi délicat que la musique de la mademoiselle
🙂
Le travail de Laetitia Sadier est encore assez discret, mais passionnant à découvrir.
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les autres Stereolab (Tim Gane, Mary Hansen ou encore Sean O’Hagan)
c’est toujours un plaisir de retrouver laetitia sadier, et de voir que son public ne l’a pas perdue de vue.
Et comme tu as raison sur on accent délicieux 🙂
ça peut t’intéresser, de la reprise des rita mitsouko aux paroles plus personnelles, j’ai eu l’occasion (et la chance) d’échanger longuement avec elle sur quelques sujets :
http://www.arbobo.fr/laetitia-sadier-the-trip-elle-voyage-en-solitaire-interview/
Merci pour le lien vers ton ITW, je vais aller lire ça illico.