Mardi 2 mars, je marche en pleine nuit, Rue de la Réunion, pas loin de Nation. Il n’y a personne et je cherche l’Espace En Cours, je n’y ai jamais mis les pieds. Je vois de la lumière, je m’approche, non c’est un bar je reviens sur mes pas, voilà le numéro 56, c’est un appartement et des gens attendent devant. On m’apprend qu’il faudra attendre un peu avant de rentrer. Plus tard, après avoir pris une bière, j’entre enfin dans la cour intérieure de l’immeuble où se trouve l’Espace En Cours, c’est là que MV & EE ainsi que Head Of Wantastiquet jouent ce soir.
Rapidement, Paul Labrecque, alias Head of Wantastiquet, s’assoit sur une chaise devant nous et attrape un banjo qu’il branche sur un ampli, puis s’équipe d’un archet qu’il commence à jouer sur l’instrument. Le son qui en sort rappelle plus les drones ambiants de Richard Skelton que celui du premier folkeux barbus débarqué de sa campagne. Ce morceau très long devient rapidement envoutant, avant que Head of Wantastiquet ne pose son archet, le temps que quelques notes continuent de jouer en écho, pour repartir sur un picking de folk classique tout aussi hypnosant qui s’impose rapidement sur la longueur. Head of Wantastiquet termine alors son premier titre laissant ses auditeurs sur le carreau après une telle performance d’environ 20 minutes. Il enchaine sur un deuxième morceau joué à la guitare électrique, tout aussi fascinant, mais dont j’aurais bien du mal à rentrer dedans, tant il devient alors difficile pour moi de me reconcentrer sur cette musique exigeante ; la magie fait moins son effet avec une douleur au pied qui commence à se faire sentir.
Le set s’arrête et je prends une seconde bière, dans l’espoir de calmer la douleur, on est naïf dans ses moments là … Erika Elder et Matt Valentine s’installent à leur tour sur des chaises ; elle, est équipée de sa fidèle pedal-steel et d’une petite mandoline en forme de Firebird, et lui joue avec une vieille guitare branchée sur quelques étranges pédales d’effet. Si les morceaux semblent être d’écriture folk, l’électricité reste immuable et un doux psychédélisme s’empare alors de nous, d’autant que les morceaux s’étirent sur la longueur au fur et à mesure des phrases de picking, des notes de pedal-steel réverbérées et des chants aux voix fluettes du duo. Progressivement, les structures folks tombent en déliquescence pour laisser place à des constructions plus expérimentales, à base de drones envoutants. Mention spéciale pour Matt Valentine qui joue pendant un instant avec un Bantar, un instrument de sa fabrication qui est un croisement entre le banjo et la guitare électrique, dont la sonorité s’approcherait d’une sithar possédant diverses vertues lysergiques …
Puis je reprends conscience de mon propre corps, j’ai très mal aux pieds et la fatigue accumulée depuis déjà si longtemps commence à se faire sentir. Finalement je repars avec un tee-shirt de MV & EE sous le bras (et pour m’ouvrir les chakras), je galère pour trouver un taxi tout en maudissant le fait que j’habite si loin des salles de concert parisiennes, et je rentre me coucher épuisé mais heureux de ce concert ensorcelant …
Par Mathieu
Hé hé. Banlieue sud, reprezent!
Damon & Naomi dans ce même garage, cette même salle je veux dire, avaient été magiques.
Et prendre l’apéro avec eux avant dans la cour, c’était pas mal aussi. Mais c’est vrai qu’il faut supporter la position assise, par terre sur des coussins. À partir d’un certain âge, c’est dur…
Ah oui, ça devait être magnifique avec Damon & Naomi.
Sinon je n’étais pas sur les coussins, mais debout …
Du côté de Vanves, ils font un peu d’efforts pour organiser des concerts, mais ça reste encore très loin de ce que j’aurais envie de voir.
Ouais nous aussi on trouve que c’est loin le pays de la branchitude, surtout l’hiver quand on peut pas prendre le scooter…
Et je ne vois pas Band of Horses passer à Clamart tout de suite.