Et puis soudain j’ai ressenti comme une sorte de panique. Un vent léger s’est mis à souffler. J’ai entendu des voix derrière les vagues. Il y a eu aussi de la guitare, un tambourin et des instruments traditionnels. J’avance au milieu de l’océan. Je cherche une destination, je ne sais pas où me diriger. Je vois quelques poissons sauter hors de l’eau. Je chante mal et j’entends à nouveau de la musique. Je sens venir le désespoir. Le soleil brille. J’ai l’impression de voir une île devant moi. J’avance encore un jour ou deux. Je ne sais pas, je ne compte plus les heures. J’arrive sur la terre ferme. Je marche sur la plage. Il n’y a personne. C’est de nouveau la panique. Je crie pour appeler quelqu’un mais je n’ai que le vent qui souffle sur le sable qui me répond …
Je n’ai pas compté le nombre d’instruments utilisés par Thomas Bonvalet sur l’excellent « Arrest » – album de Powerdove sorti sur la fin de l’année dernière – mais j’imagine que c’est leur accumulation qui donne ces sonorités si naïves, bizarres, intemporelles et brutes à l’ensemble des compositions d’Annie Lewandowski. On y entend aussi la guitare de John Dieterich – qui joue avec Deerhoof depuis 1999 – et c’est très beau. Au début j’ai eu du mal à écouter tout ça, mais je me contentait d’entendre superficiellement, trop rapidement. Et puis j’ai laissé le temps faire son travail. J’ai réécouté ce disque au calme en me disant qu’il était bon de se perdre ainsi au milieu de ces bourdonnements mélodiques absolument hypnotiques …
Mathieu