Mardi 24 Avril, métro Strasbourg St-Denis, je descends le boulevard Sebastopol en couple, nous nous rendons à la Gaité Lyrique pour y voir Stephen Malkmus & The Jicks. Après avoir attendu à la file d’attente de rigueur, nous nous retrouvons au milieu d’une atmosphère curieusement chaleureuse. La Gaité Lyrique représente pour moi ce lieu vaguement rétrofuturiste, dont le design fait penser à une certaine idée du 2012 que l’on aurait pu avoir en 1981. Mais ce soir, la ville de Portland est à l’honneur dans le cadre du festival Keep Portland Weird, on y voit donc un sympathique stand de bagel, les tables ont des nappes à carreaux, blanche et rouge, et on y voit des dépliants de la ville, ainsi qu’un label de rééditions de blues qui me semblent être de belles tueries (que je n’achèterais malheureusemebt pas, pour finir le mois sereinement.)
Nous arrivons dans la salle, et Street Nights est en plein milieu de son set. Le groupe, construit autour de Jake Morris, le batteur de The Jicks, joue quelques titres de rock plutôt classique et efficace. Pourtant, il faut attendre le dernier instant pour que le chanteur moustachu pose sa guitare et se lâche complétement sur scène, permettant au groupe d’entamer une sorte de blues énervé qui n’aurait pas faut honte à Jon Spencer dans ces dernières années.
( ♫ ) Street Nights (Un titre capturé au milieu du set)
Nous mangeons un bagel et déjà le jeu de guitare syncopé et bluesy de Michael Hurley se fait entendre. Ce vieux monsieur nous raconte d’une très belle voix des histoires d’une Amérique sombre et violente, mais aussi de nonchalante et de rédemption. Cette musique est pleine de sagesse, d’humour aussi, elle adouci les mœurs. Je prends quelques photos de ce grand monsieur qui mérite toute notre admiration. Après son set, je le retrouve au stand du label Mississipi Records, où il signe quelques autographes. Nous croisons Astrid et Nicolas, nous discutons et nous ratons Rebecca Gate & The Consortium …
( ♫ ) Michael Hurley
Si l’effet ne fut pas immédiat, j’aime bien le dernier album de Stephen Malkmus, c’est sûrement l’un des plus réussi de sa carrière en solo, et le voir jouer de nouveaux titres m’enchante plus que la récente reformation de Pavement. Ce soir, j’aime bien ce que fait Malkmus et son groupe, The Jicks. L’attitude est branleur et ça me fait sourire, surtout les blagues entre les morceaux, que ce soit son avis sur la ville de Portland (« c’est comme la Belgique, beer, beer, beer, rain, rain, rain ») ou encore nos récentes élections présidentielles. Malkmus passe d’un titre qu’il rate avec brio, No One Is (As I Are Be) est joliment baclé, à un autre vraiment efficace. Malkmus est sur le fil du rasoir, il fait ce qu’il veut, il se lance dans quelques solos de guitare délicieusement bizarre, et reste décontracté sur scène, parfois trop. Je suis loin de la scène, j’attrape quelques photos un peu loupées, et je capte Senators qui est immense ce soir. Je crois que je vais encore écouter “Mirrors” en boucle, le lendemain.
( ♫ ) Stephen Malkmus & The Jicks – Senators
Nous repartons tranquillement, et je me dis qu’aller voir ces groupes jouer m’a fait un immense bien. J’ai presque l’impression que Portland est une ville où il semble faire bon vivre …
Texte, photos et bootlegs (effaçables sur demande) par Mathieu Gandin