Mercredi 8 Juillet, je traverse lentement le parc de la Villette et je ressens comme une certaine appréhension à l’idée de revoir les Swans en concert. Le temps est un peu plus frais que les précédents jours et la fatigue est à son comble. Je descends doucement l’escalier qui nous emmène devant le Trabendo et en bas, Michael Gira se repose, tranquillement assis sur un fauteuil, le chapeau de cowboy bien vissé sur sa tête. Il me donne l’impression d’accueillir discrètement chaque spectateur et je repense à cet autre concert vu en 2011. C’était furieux, violent, un vrai mur sonore, épuisant, exigeant mais d’une telle beauté que ça en éclipse parfois certaines saillies entendues ici ou là sur « The Seer » et « To Be Kind ». J’ai hâte de revoir ça et au vu de mon niveau d’énergie pour ce soir, je ne vois pas quoi faire d’autre à part manger une barquette de frites pour attendre le concert …
Domingo Garcia Huidobro a la délicate tâche d’ouvrir la soirée mais il s’en sort plutôt bien. Le guitariste de Föllakzoid joue la bande son d’un film mystérieux à l’aide de quelques drones distordus et des samples créés avec sa guitare. Je trouve une place dans les premiers rangs pas loin d’un poteau et je reste là, à regarder les images qui défilent. Je ne fais plus très attention à la musique, je regarde ces personnes qui marchent dans la forêt, naviguent sur la rivière et se font un feu à la tombée de la nuit. Voilà qui ferait un belle transition au milieu d’une rétrospective sur le cinéma de Philippe Grandrieux …
La salle est bien remplie quand Thor Harris monte sur scène. Il frappe sur quelques percussions, il joue un long bourdonnement sombre et cogne régulièrement sur un immense gong. Il est ensuite rejoint par Phil Puleo à la batterie et Christoph Hahn dont la pedal-steel commence déjà à torpiller mes tympans. Arrivent enfin Christopher Pravidca à la basse et Norman Westberg à la guitare, ils font chacun résonner leurs instruments pendant que Michael Gira prend doucement sa vieille Gibson ES 335 noire. Il regarde lentement chaque musicien. Chacun attend un signe de départ. Je m’attends à recevoir une sacrée claque en pleine figure mais le concert des Swans sera un peu plus subtile et imprédictible que ça en terme de construction sonore. Le volume est effectivement impressionnant mais les ambiances sont encore plus shamaniques que sur disque. Chaque morceau dure environ trente minutes et Michael Gira – énormément soutenu par son groupe – passe par d’intense phase où son corps semble totalement le lâcher au moment où il chante. Puis Gira reprend ses esprits, il regarde ses musiciens et se remet à les diriger d’une poigne de fer. Nous nous retrouvons comme prendre en otage sous un immense déluge de sons distordus avant que le calme ne revienne tout doucement. Le morceau que j’enregistre ce soir est assurément l’une des plus belles choses que j’ai pu entendre des Swans depuis Bring The Sun / Toussaint L’ouverture mais je ressors complètement rincé de ces deux heures de concert …
( ♫) Swans (Live)
Texte, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin
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