J’entre dans la salle et il n’y a pas encore grand monde. Je m’appuie sur le comptoir du bar, je commande un premier verre, et j’échange un regard timide avec les premiers arrivants. Sur la scène, je vois une basse posée sur un immense ampli. Une deuxième, prête à être jouée elle aussi, est installée un peu plus loin. Une guitare électrique, dont on entend un léger bourdonnement, trône sur le devant de la scène. La lumière s’éteint et je suis déjà bousculé par les premiers spectateurs. J’ai toujours mon verre à la main. Je bois une gorgée et je commence déjà à trembler, les basses jouent très fort, très grave, elles attaquent mon estomac, mon corps entier vibre. La guitare rajoute des distorsions bruitistes sur ces rythmiques motoriks et répétitives, le chant est agressif mais semble perdu au milieu d’une grosse couche de réverbération. Je jette alors mon verre sur le public et je commence à bousculer quelques spectateurs. Il ne faut pas longtemps pour que d’autres se mettent à me suivre …
( ♫ ) Gnod – Genocider
Et puis tout d’un coup, la salle se remplit progressivement. Il y a trop de monde et j’ai presque envie de partir. On me bouscule de nouveau et mon verre se renverse sur ma chemise. Je vois la scène, les guitares sont en train d’être réglées. Il y a une Fender Jaguar ainsi qu’une Telecaster. Nous sommes projetés dans la pénombre, puis le jeu de lumière stroboscopique vient immédiatement accompagner les riffs psychédéliques joués par le groupe. Ca va vite, très vite, avec juste ce qu’il faut d’arrogance pour que le public soit réceptif, tellement réceptif que l’autre gars devant moi entame un headbang. Moi, je préfère rester là, sans bouger, à écouter les riffs que s’échangent les deux guitaristes. Evidemment les sonorités garages et rétro doivent beaucoup à la Fender Jaguar ainsi que la Telecaster. C’était bien. Comment se nommait le groupe déjà ? Ty Segall & White Fence je crois …
( ♫ ) Ty Segall & White Fence – Scissor People
Je ne sais plus à combien de verre j’en suis et je sens déjà les premiers sifflements dans mes oreilles. Mais peu importe, car voici déjà le troisième groupe. Je n’ai pas le temps de reprendre mon souffle, que déjà la Gibson Flying V joue un power chord bien chargé en distorsion. La batterie prend la suite, elle lance le reste du groupe. Pendant le pont, juste avant le refrain, le chanteur braille, et la basse assaille l’estomac tandis que nos tympans sont déjà en feu. Pour finir il y a un petit solo et du bruit blanc. Je ressors de la salle les jambes flageolantes. Difficile de savoir si c’est la musique ou l’alcool. A en voir comment je vomis avant de prendre le bus, c’est sûrement les deux …
( ♫ ) Mastodon – A Commotion
Par Mathieu