Il y a des albums que l’on écoute comme ça, avec légèreté, et d’autres qui vous rappellent que la grande faucheuse peut passer vous prendre à n’importe quel moment, sans prévenir. Et puis il y en a qui vous accueillent en vous racontant que parfois l’issue est heureuse. Il y a de ça sur « Gray Lodge Wisdom » de Will Stratton qui passé le titre d’ouverture en forme de catharsis post-guérison, se révèle l’un des plus beaux albums folk que tu pourras entendre cette année. Il y a dans ces mélodies jouées sur des cordes pincées une mélancolie ainsi que mille et un remèdes contre la morosité.

On y entend de la guitare boisée et une voix timide mais touchante, Will Stratton ne cache pas son admiration pour Nick Drake. Mais il y a dans ces compositions quelques motifs mélodiques qui me font progressivement oublier l’environnement urbain de ma marche quotidienne. Je ne suis plus en train de remonter la rue de la Porte de la Plaine. Je marche doucement sur ce petit chemin de campagne, à côté du champ. Il pleut légèrement, mais ce n’est pas grave. La maison est au bout du chemin. C’est le calme autour de nous. Je ne sais pas encore combien de temps nous allons rester là, mais je m’y sens bien …

Je me suis laissé pousser la barbe et je me suis rasé les cheveux. De toute façon il ne m’en restait plus beaucoup. Je fais un peu moins attention aux vêtements que je porte. Je ne cherche plus à suivre le fil ininterrompu des informations. La vie me paraît plus simple. Je reste assis sur le banc, sous le porche, à bricoler quelques accords sur une vieille guitare folk. Lorsque la dernière note de Fate Song se termine, j’ouvre les yeux pour me rendre compte que tout ceci n’a jamais eu lieu car je suis en plein milieu d’Issy-Les-Moulineaux.

( ♫) Will Stratton – Dreams Of Big Sur

Mathieu