Evidemment, écrire quoique ce soit sur le nouvel album de David Bowie me semble soudainement incongru depuis l’annonce de sa mort, lundi matin. Mais celui qui fut Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Thin White Duke et Nathan Adler était assez libre pour bien se ficher de la convenance et il faut bien reconnaître que les deux derniers clips sortis peu avant son dernier album exercent sur moi une étrange fascination depuis quelques semaines déjà, suffisamment pour écrire ces quelques mots qui viendront assurément se mêler à tout ce qui a déjà été dit.
C’est le caractère relativement barré du clip de Blackstar qui m’a frappé en premier. On y voit une fille avec une queue, un cosmonaute – Ground control to major tom ? – mort, une ville bizarre avec des habitants qui dansent en tremblotant, David Bowie en Button Eyes – avec son bandeau sur la tête et des boutons sur les yeux – son nouveau personnage, la bougie, le saxophone pour une touche de jazz inquiétant, les rythmes électro qui sonnent assez datées finalement, David Bowie en prêtre, David Bowie qui nous vend un truc et ressuscite à 68 ans ce personnage de pop-star machiavélique qui a traversé toute sa carrière, et puis les danseuses et les épouvantails. J’en suis déjà à une vingtaine de visionnages qui m’ont rendus cette musique indissociable de ces images et cela constitue pour moi l’une des réalisations les plus créatives de David Bowie depuis, allez, disons une bonne vingtaine d’année.
Quand le clip de Lazarus est arrivé, j’y ai d’abord vu comme une prolongation de Blackstar, on y retrouve le personnage de Button Eyes allongé sur un vieux lit d’hôpital. Puis un autre Bowie apparaît, vêtu comme sur cette photo que l’on peut voir à l’intérieur de la pochette de « Station to Station ». En revoyant ces images aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de ressentir une immense tristesse tant elles finissent par nous secouer dans un dernier élan magnifiquement testamentaire. Quand David Bowie repart dans ce vieux placard à la fin du clip, l’artiste semble nous tirer sa révérence et nous laisse seuls face à un immense vide, sombre, mélancolique et métaphysique …
Mathieu
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