Je me suis rappelé du bruit de la tôle qui se plie dans un étrange fracas lors d’un accident de voiture. Je suis là, en face, en train de regarder l’accident avec cette drôle d’impression de voir la scène au ralenti. Ca m’est revenu à l’intérieur de la salle de concert, où on entend seulement le bruit des verres qui s’entrechoquent et le rire fort des gens qui discutent. La scène est encore vide, les instruments de musique sont posés contre la batterie et les amplificateurs ronflent doucement d’une souffle qui file la migraine. La lumière est allumée malgré une ambiance légèrement claire-obscure. Quelques vinyles sont posés sur une table avec des t-shirts portant des symboles à la fois paisibles et autodestructeur. J’aimerais en prendre un mais j’ai perdu ma voix, aucun son ne sort de ma bouche. C’est embêtant au début mais on s’y fait quand la lumière s’éteint et les premières mesures de batterie démarrent.

On y entend des lignes de basse qui se lancent dans une sorte d’assaut répété inlassablement jusqu’à mettre tout le monde à bout, dans un état proche de l’aliénation, de folie et d’émerveillement abasourdi. La batterie donne l’impression de jouer toujours la même rythmique, mais en fait non, seules quelques oreilles assez fortes pour survivre à ce mitraillage en règle pourront y déceler des micro-tonalités appréciées seulement par des chercheurs en électroacoustique, malheureusement tous morts depuis le début des hostilités sonores. La guitare bourdonne, elle est gavée de distorsions qui tournent en boucle, et elle choisit de partir à la charge dans tous les sens, en particulier là où tu ne t’y attends pas. Elle semble avoir l’intention de réveiller deux ou trois acouphènes qui n’attendent que ça pour revenir hanter nos sommeils. Pour le reste je ne sais plus trop comment décrire cette musique-là et c’est très bien comme ça puisque j’ai retrouvé ma voix.

( ♫) Aluk Todolo – 5:01

Mathieu