Je suis parti de bon matin, le soleil se lève et les rues sont désertes. J’ai senti comme un vent frais sur mon visage et j’ai été surpris par le bruit soudain du camion des éboueurs qui roule lentement sur la route. Plus loin, une petite vieille qui promène son chien me dévisage comme si je venais de découvrir un étrange secret séculaire. Je traverse un petit parc, le vent s’intensifie et une horde de corbeaux s’envolent en croassant. Je descend dans un tunnel, une lampe clignote bizarrement et j’entends le son vaguement réverbéré d’un musicien de rue visiblement matinal. J’arrive enfin à la station de métro et je m’engouffre dans les souterrains. Derrière moi le monde s’écroule pierre par pierre dans une intense fumée verte et la bande son de cette vision aliénante provient d’un vieux synthétiseur analogique.
Matt Hill, l’ancien bassiste d’Expo’ 70, sort un nouveau disque sous le nom d’Umberto et se détache doucement des bande-sons de films d’horreur imaginaires pour revenir à des compositions plus ambiantes, et sur lesquelles on peut entendre un équilibre entre un ensemble de drones et des petites mélodies jouées sur un vieux clavier. Chose surprenante, le chant fait son apparition sur quelques titres. Victoria Gokun et Edward Tonoyan ont certes des voix sépulcrales, mais ce sont précisément ces voix-là qui apportent un supplément d’humanité, chose qui faisait parfois défaut sur les précédentes compositions d’Umberto. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce romantisme mélancolique ne m’empêchera pas de d’écouter ce disque un 31 octobre.
( ♫) Umberto – Alienation
Mathieu