Violence et colère de la police sur notre génération. Je suis resté plusieurs heures sans nouvelle. Je me suis perdu dans une petite ruelle parisienne avec un petit groupe. J’ai couru au milieu des fumigènes en esquivant les matraques. J’ai vu le sang couler et les bottes écraser les corps meurtris. Je me suis enfouis le visage dans une écharpe et j’ai distribué quelques coups de coude pour me frayer un chemin. J’ai sorti un vieux couteau pour me défendre au cas où. Je me suis assis pour reprendre mon souffle et écouter le bruit de la rue qui hurle et cela constitue pour moi la plus belle des musiques. Dans ces moments là, je me suis dis que la vie est une brique jetée à la gueule de l’état d’urgence.
Noirceur et désespoir en pensant à ceux qui sont tombés au combat. Le dialogue est terminé et la bile se doit d’être crachée. La manifestation a dégénéré et les forces de l’ordre ont chargé. Je me suis battu jusqu’au bout avant de me faire embarquer. J’ai l’arcade sourcilière explosé et le souffle coupé. Quand je retrouverai ma liberté d’ici quelques jours il ne me restera plus qu’à me bourrer la gueule avec de la 8.6 et passer ma frustration dans ce vieux squat où joue cinq groupes de punk sans réfléchir au lendemain. Rien ne vaut l’esquive des coups de crampon lors d’un pogo au milieu de quinze personnes alors que la guitare, la basse et la batterie se battent pour faire le plus de bruit possible.
Mathieu