Mercredi 5 Avril, je viens tout juste de quitter le travail pour traverser une bonne partie de la ligne 6 du métro parisien afin de me rendre au Petit Bain, NLF3 et Foudre! y jouent ce soir et je ne pouvais pas rater ça. Christine Ott démarre la soirée en jouant quelques morceaux très courts, construits sur un ensemble de nappes fantomatiques en provenance d’Ondes Martenot. Je reste comme suspendu à l’écoute de ces notes qui s’allongent en de long drones lointains et reposants dans lesquels on peut aisément se réfugier pour oublier le tumulte de ces dernières semaines. En guise de transition, les musiciens de Foudre! rejoignent Christine Ott sur scène, le son prend de l’ampleur mais ces pièces musicales restent rares et précieuses.
( ♫ ) Christine Ott (Live)
Foudre! donc, à savoir le super-groupe formé par Romain Barbot et Grégory Buffier de Saåad, Frédéric B. Oberland de Oiseaux-Tempête, Paul Régimbeau de Mondkopf et aussi Christine Ott qui viendra rajouter quelques rêveries supplémentaires avec ses Ondes Martenot vers la fin du set. On y entend des claviers analogiques – et un Mellotron – qui jouent d’étranges phrases modulées, des bruits de cloche, une machine à écrire, une vieille pendule à remonter à la main, des infrabasses assez puissantes, une vielle à roue, des rythmiques hypnotiques, un bouzouki déformé par je-ne-sais-quelles pédales d’effet. L’ensemble construit un immense morceau de quarante-cinq minutes environ où se succèdent de long bourdonnements improvisés ici ou là. Le travail de composition est immense pour cette musique qui remplit progressivement tout l’espace et nous entoure de ses nappes sonores.
( ♫ ) Foudre! (un extrait)
J’avoue avoir eu plusieurs fois envie de voir NLF3 en concert, mais allez savoir pourquoi je les ai toujours ratés au dernier moment, un acte manqué qu’il est enfin temps de changer. Le trio défend ce soir son dernier album, « Waves of Black and White », dont le côté assez brut me plait plutôt bien. Les riffs de guitare sont anguleux et entêtants, les claviers tournent en boucle pour prendre de l’espace, la rythmique est précise et métronomique. Un succession d’ambiances se concatènent sur chaque morceau pour évoquer tour à tour une image, une expérience, probablement un film un peu frustre qui ne s’excuse pas. Je hoche de la tête en écoutant cette musique qui représente tout ce que j’ai envie d’entendre sur certains disques de post-rock, un héritage punk, un sens de la mélodie et une écriture savante.
( ♫) NLF3 (Live)
Texte, enregistrements et mauvaises photos par Mathieu Gandin