La musique d’Unsane représente l’un des derniers remparts contre la bêtise crasse qui nous entoure. Les guitares multiplient les riffs anguleux dont la force incisive à de quoi faire oublier, au moins pour quelques secondes, l’indécence de ceux qui ne comprennent plus le monde qui se déroule sous leurs yeux. La basse joue une succession de notes râpeuses qui donnent l’impression de mitrailler à tout va avec la ferveur d’un canardeur en première ligne. La batterie martèle inlassablement son extrême rythmique prompte à écraser nos tympans. Ils cèderont probablement avec le chant de Chris Spencer qui n’en finit pas de crier dans le micro depuis 1988. Destruction totale et colère saine sont ici de bons tons pour ce « Sterilize » que l’on pourrait presque recommander pour les vertus apaisantes que l’on éprouve après son écoute prolongée.
C’est la musique parfaite pour ceux qui apprécient le bruit comme le plus beau des sons et tant pis si ce disque ressemble à tous les autres d’Unsane. C’est d’ailleurs pour ça qu’on y retourne, parce que la formule est connue, le power-trio hardcore qui n’a jamais dévié de sa route, poussant l’auditeur jusqu’à ces derniers retranchements en le noyant sous une pluie de larsens comme pour mieux résister au temps qui passe. Sur la fin de « Sterilize », on peut entendre un We’re Fucked dont l’intense déluge d’électricité distordue devient finalement la plus belle chose à écouter alors que les années sont en train de nous condamner.
Mathieu