Nous sommes à la fin des années 90, après un second album intitulé « Sleep’s Holy Mountain » – dont le titre Dragonaut finira sur la BO de l’immense « Gummo » d’Harmony Korine – Al Cisneros, Matt Pike et Chris Hakius s’enferment dans un studio, fument beaucoup de Marijuana et enregistrent plusieurs morceaux dépassant facilement une heure. Jerusalem et Dopesmoker sont ainsi nés, diffusant des torrents de power chords distordues, de lignes de basse fuzz posées sur une rythmique aussi lente que le soleil qui s’abat sur nos épaules alors que l’on marche depuis une heure dans le désert californien à la recherche d’un hypothétique cactus pour se mettre à l’ombre. Deux longues plages hypnotiques que l’on écoutera en boucle pendant plusieurs éons en regardant le cosmos se déformer devant nous.
De retour en avril 2018 après un hiatus long de quinze ans, Sleep débarque sans prévenir avec un nouveau disque, « The Sciences » et c’est un déluge de distorsions qui filent à travers le désert comme un dragon de feu soulevant la poussière pour y faire apparaître des motifs abstraits. La basse d’Al Cisneros s’écrase toujours sur nos oreilles comme une immense chape de plomb. On notera comme effets secondaires que les rares solos de la Rickenbaker 4003 de Cisneros semblent tracer de nouvelles connections dans nos cerveaux. La guitare de Matt Pike est un énoncé de l’assourdissement sur bien des niveaux. Jason Roeder remplace Chris Hakius derrière la batterie et tient une rythmique simple qui avance à la vitesse d’un éléphant lâché dans une station orbitale. Les textes rendent hommage à Black Sabbath comme sur ce magnifique Giza Butler que l’on écoutera en boucle comme un détour vers le désert spatial de Vermillion Sands.
( ♫) Sleep – Giza Butler
Mathieu
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