Paris 1970, tu descends la rue de Courcelles après t’être arrêté quelques minutes devant l’administration de la cinémathèque d’Henri Langlois. Tu te retrouves dans un studio d’enregistrement, assis dans un coin à regarder le groupe. Tu imagines encore mille façons de changer le monde sans pour autant en concrétiser une seule. Le batteur est entouré de micros, donnant à chacun des breaks qu’il joue derrière ses futs l’impression de sonner comme un immense claquement, une précision rythmique et une belle clarté qui ressemble à de l’orfèvrerie. Hier, encore, tu échangeais quelques platitudes avec cet ami révolutionnaire tout en fumant pas mal de haschich, il y avait beaucoup de vin aussi.
Le bassiste joue au médiateur, sa ligne mélodique envahit toute la composition, les notes se ressemblent mais elles ne sont jamais exactement les mêmes, l’instrument porte le morceau vers une direction inconnue. Tu as pris le métro au petit matin pour rejoindre ta chambre de bonne, des gens défilent pour faire la grève et tu restes là, témoin de toute cette agitation. Le guitariste tisse des riffs dont les atours cosmiques ne sont pas sans rappeler les circonvolutions célestes de certains saxophonistes de Jazz. Tu penses déjà à un voyage à travers le monde, un voyage inutile et petit-bourgeois, alors que la ville porte déjà en elle les futures désillusions de cette époque de changement.
( ♫) Serge Gainsbourg & Jean-Claude Vannier – Colin-Maillard
Mathieu
La Cinémathèque ne se trouvait pas rue de Courcelles : c’était seulement l’administration. Et c’est Henri Langlois, pas “Henry” !
Dac