Nous sommes au mois de Décembre 1999, alors que tout le monde s’apprête à fêter le passage à l’an 2000, le groupe Mono se forme au Japon. En plein hiver, Takaakia Goto, Hideki Suematsu, Tamaki Kunishi et Yasunori Takada composent quelques titres d’une mélancolie rare et dont la beauté ne prêtera sûrement pas à discussion. Vingt ans plus tard, nous redécouvrons cette musique sous un jour nouveau, le groupe a réenregistré trois de ses premiers morceaux avec Steve Albini, fidèle au poste lorsqu’il s’agit de capturer l’électricité de ces heureux moments. Et ce n’est sûrement pas un hasard si, à l’arrivée de l’hiver, je me retrouve au milieu d’une étrange léthargie que seules les progressions calmes et distordues de « Before The Past (Live From Electrical Audio » arrivent à me faire oublier.
Il faut dire que ces derniers temps les jours peuvent défiler à pleine vitesse, ou être de ceux où l’on se contente de peu, mais il me reste toujours ces dimanches matins où je m’immerge en douceur dans la musique de Mono. J’écoute ce post-rock mélodique comme j’écoute les longs bourdonnements de Sunn O))), le psychédélisme foutraque de Oh Sees ou encore les structures électroniques de Bjarki, avec la ferme intention de mettre entre parenthèses les prochaines heures de ma vie et espérer reprendre l’expérience dans les prochains jours. Et même si ça n’arrive généralement pas, je fais quand même comme si.
Sur Halo, on entend des guitares pleines de réverbération et de delay jouer lentement quelques accords minimalistes. Elles créent doucement une ambiance cotonneuse qui vous enveloppe délicatement jusqu’à la fin de la nuit. La batterie progresse tranquillement. Elle porte le morceau et soutient le reste du groupe jusqu’à la dernière note. Les cordes de la basse sont martelées pour nous faire voyager vers les profondeurs de ce post-rock mélancolique. Et puis ça se termine avec une profusion de distorsions, les guitares jouant comme une sorte de mur du son à la fois extrêmement lourd et d’une rare beauté pour nos oreilles. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, j’aurai la chance d’entendre la même déflagration sonore lors du prochain concert de Mono, le 12 décembre à Paris.
( ♫) Mono – Halo (Live From Electric Audio)
Mathieu