Il m’est souvent arrivé de découvrir un film par sa bande-son. Aujourd’hui, je n’ai pas encore vu « Uncut Gems » mais en écoutant la musique que Daniel Lopatin a enregistrée pour le dernier film des frères Benny et Josh Safdie je sais qu’il fera bientôt partie d’une indispensable séance de rattrapage. J’imagine Adam Sandler courir dans les rues de New York pendant que les synthétiseurs rétro-futuristes de Daniel Lopatin distillent doucement dans nos esprits des modulations fantomatiques. Un nouveau travail de mise en son par la tête pensante de Oneohtrix Point Never qui, après « Good Time » des mêmes frères Safdie, nous révèle un exercice passionnant, un espace sous contrainte où les expérimentations ambiantes touchent au sublime.

Ici, les orchestrations de Daniel Lopatin, comme celles de Fatima Al Qadiri, parviennent à sublimer les images, elles leur donnent une dimension contemplative et synthétique, jusqu’à se révéler être un objet sonore que l’on peut écouter comme une oeuvre en tant que telle. Il en ressort comme une poésie faite de petites mélodies jouées au clavier avec des voix étranges sorties de nulle part. Elles évoquent chez moi comme une sorte de nostalgie moderne où le futur de Blade Runner semble coïncider avec des souvenirs issues des années 80, où les sonorités sont, paradoxalement, toujours d’actualité.

Que pouvons-nous garder de ces «Uncut Gems » ? Les petites séquences mises en son pour souligner un extrait du film, comme Pure Elation, High Life ou encore Smootie ? Le rythme effréné et les infrabasses qui foncent droit dans le mur – comme la vie du personnage qu’incarne Adam Sandler ? – de School Play ? Les percussions tribales qui me font penser aux premiers plans d’Akira de Katsuhiro Otomo sur Windows ? J’avoue avoir une préférence pour les huit minutes et vingt-six secondes de The Ballad Of Howie Bling dont les ambiances vaporeuses m’évoquent un générique tranquille où l’on pourrait lentement s’immerger dans les images.

( ♫) Daniel Lopatin – The Ballad Of Howie Bling

Mathieu