David Roback est décédé le 24 février 2020 et je me revois en plein hiver, au cours de l’année 1997. C’était peut être 1998. Cela fait quelques mois que je suis arrivé à Paris pour terminer mes études. Je ne connaissais personne. Je me suis fait quelques amis en citant les vertus cinématographiques du « Volte-Face » de John Woo. On a les références que l’on peut. On a échangé quelques bons disques. Il n’en fallait pas plus pour sceller une amitié qui tient encore à ce jour. Dedans il y avait « She Hangs Brightly » de Mazzy Star, que je me suis empressé d’enregistrer sur une vieille K7. Je faisais tourner l’album dans ma chambre d’étudiant lors de quelques coups de blues, même, si, je trouvais ce disque parfois trop tranquille. Pour le moment, en tout cas. Car il me faudra bien vieillir un peu pour apprécier cette musique.
Plus tard, j’ai usé ce disque plus que de raison. Bien sûr, il y a aussi « So Tonight That I Might See » et son Fade Into You que l’on a parfois trop entendu au cinéma. Il y a « Among My Swan » avec les guitares de William Reid. Mais justement, « She Hangs Brightly », c’est une musique de film sans le poids des images, c’est un disque psychédélique sans les effets de manche, c’est un recueil de chansons intimistes sans la résilience. Les guitares de David Roback s’aventurent sur les chemins électriques d’une americana sombre et intemporelle. La voix de Hope Sandoval hante ces mélodies et semble éviter l’auditeur sans se soucier de nous et c’est très bien comme ça.
Aujourd’hui je réécoute Blue Flower et son entêtante suite d’accords Velvetiens (Ré et Do, en boucle). La batterie est minimaliste, elle tient le temps. La basse supporte le tout, toujours en suivant l’entêtante suite d’accords Velvetiens (Ré et Do, en boucle). Hope Sandoval chante et nous prend de haut, histoire de nous rappeler que la vie n’est pas facile sous le soleil de Los Angeles. J’avais même appris à jouer le petit solo à la fin. Il n’est pas très difficile mais qu’est-ce qu’il est beau. David Roback est décédé le 24 février 2020 et j’ai encore du mal à y croire.
Mathieu