Il fait nuit. Je suis assis sur un banc, au milieu d’un parc. J’écoute Regarde Les Hommes Tomber et les premiers riffs de guitare se diluent doucement dans mon cerveau. J’observe les immeubles qui s’écroulent progressivement. Je porte un casque sur mes oreilles. J’accueille cette musique comme si c’était la dernière avant la chute. Ce sera probablement la première après. Le blastbeat intensif finit par me donner mal au crâne. Un incendie semble se propager dans le nord de la ville. Un micro à la main, le chanteur pousse un hurlement qui remonte du fond de la gorge. Il pleut et je trouve les compositions de Regarde Les Hommes Tomber belles comme une entité brute qui traverse les ténèbres.
On y entend des guitares qui se concassent les unes sur les autres. Elles jouent des petites arpèges saturés avant d’accélérer leurs riffs pour envahir les derniers rhizomes de nos cerveaux avec un mur du son distordu et jusqu’au-boutiste. Au milieu de ce chaos émerge quelques phrases mélodiques, probablement jouées intensément avec la ferveur du mitrailleur placé en première ligne. La basse et la batterie sont ici pour nous pilonner les restes de nos tympans et les hurlements vociférés sont avant tout une allégorie du monde qui s’écroule progressivement devant d’être reconstruit pierre par pierre.
Une dernière chose, il m’arrive d’écouter Regarde Les Hommes Tomber de bon matin. Ca peut sembler étrange mais quand les dernières notes de Au Bord Du Gouffre ou de Stellar Cross finissent de s’égrainer, je me sens beaucoup mieux après. J’en arrive à me demander si je n’entretiens pas comme une relation étrange avec cette musique dont l’extrême noirceur et l’intense saturation sonnent comme un lointain requiem libérateur.
( ♫) Regarde Les Hommes Tomber – Stellar Cross
Mathieu