Human Impact – Human Impact

Nous sommes dans un studio d’enregistrement New-yorkais au milieu de l’été 2019. L’atmosphère est tendue, Chris Spencer, Jim Coleman, Phil Puleo et Chris Pravidca s’isolent pour capturer la bande son étouffante de l’année à venir. Les musiciens de Human Impact ne sont, à priori, pas là pour rigoler. Le groupe s’est formé sur les cendres de Cop Shoot Cop et Unsane, entre deux disques de Swans produits par l’imprévisible Michael Gira. Ils ont composés dix titres dont les ambiances urbaines et sombres ne seront pas recommandées pour toutes les oreilles, surtout s’il vous prenait l’idée d’écouter cette musique en vous recroquevillant sur vous même, isolé à jamais dans l’obscurité.

Mais pour ceux qui braveront leurs peurs, il y a dans ce paysage sonore distordu de quoi satisfaire les plus férus amateurs de noirceur électrique post-industrielle. Il faudrait être sourd, avant même d’être complément aveugle pour ne pas apprécier la musique de Human Impact pour les images cinématographiques qu’elle évoque chez nous. Plus exactement un long travelling avant sur la ville, de nuit, alors que les synthétiseurs de Jim Coleman modulent une étrange mélodie électronique. La batterie de Phil Puleo s’aventure dans une rythmique tribale et les lignes de basse de Chris Pravdica nous enveloppent , elles nous rassurent tout en gardant une tension poisseuse. Sur Portrait les images sont au centre, elles évoquent le bitume et les routes en périphérie de la ville avant de disparaître comme si elles n’avaient jamais été filmées.

Si la basse de Chris Pravdica est omniprésente, la guitare de Chris Spencer s’en tient à quelques riffs acérés. Toujours sur Portrait, on reconnaît ce son bien senti de la Telecaster, entre vieux blues et agression punk où les tumbleweeds qui volent dans le désert peuvent te couper la main comme du fil de fer barbelé. Dans ce registre, le chant de Chris Spencer est probablement meilleur dans la retenu que lorsqu’il éructe du fond de sa gorge, mais chassez le naturel, il revient au galop. Et pour cause, la fin de Portrait part tout droit dans le mur avec ses distorsions noisy et ses synthétiseurs dont les circuits semblent au bord de l’explosion. Dans un monde qui se replie sur lui-même, on affronte ses peurs comme on peut.

( ♫) Human Impact – Portrait

Mathieu

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