Le premier morceau que l’on entend s’appelle Mental Vomit. Il dure à peine 40 secondes, on y entend quelques notes dissonantes et un bourdonnement lointain. Bienvenu dans le nouveau disque acoustique de King Buzzo, aujourd’hui accompagné par Trevor Dunn. La note d’intention est posée et des accords cagneux sont martelés sur une guitare folk plutôt rigide. Ça continue avec une contrebasse au phrasé sombre, prognathe, hanté mais néanmoins mélodique. Regarder d’ailleurs, elle navigue à vue sur I’m Glad I Could Help Out. La rythmique continue d’être cognée sur une guitare en bois. King Buzzo chuchote comme un vieux chanteur de sludge. Il souffle des histoires sombres qu’il pourrait hurler devant son micro. La chanson se traine un peu avant de s’arrêter là, suspendue et sans apparat.
Le disque se termine avec le blues difforme de Mock She, et on se demande si la guitare de King Buzzo va survivre encore longtemps à cet exercice musical. Petit interlude improvisé à la contrebasse, le phrasé est jazz, l’instrument est poussé jusque dans ses derniers retranchement. Une note de plus et on se dit que tout pourrait être jeté par la fenêtre. Et puis ça repart comme au début avant de se lancer dans une nouvelle expérimentation bruitiste jouée avec un synthétiseur modulaire que King Buzzo saupoudre avec parcimonie tout au long de « Gift Of Sacrifice ».
34 minutes plus tard, je ne sais toujours pas comment prendre cet album décharné. Il est tout aussi étrange que le reste de la discographie des Melvins. Je fais alors la chose la plus simple qu’il se doit, remettre le disque au début pour l’écouter une fois de plus, ne serait-ce que pour se perdre dans les mélodies classieuses de Delayed Clarity. Ici, la musique de King Buzzo et Trevor Dunn s’aventure dans la nuit avec quelques créatures bizarres avant de retrouver la lumière au dernier moment. Et puis elle s’arrête dans un déluge de bruits électroniques, catapultée comme elle se doit par ses créateurs exigeants.
( ♫) King Buzzo & Trevor Dunn – Delayed Clarity
Mathieu