La scène se passe comme on l’imagine. Thor Harris arrête de jouer de sa batterie pour prendre le hautbois. On entend les notes de la guitare d’Aidan Baker se réverbérer encore un temps. Simon Goff vient de poser son violon. Le trio est comme possédé. Ils se demandent encore ce qu’il vient de se passer dans le studio. Ils viennent de mettre sur bandes une nouvelle improvisation méditative qui ne manquera pas de plonger dans un état second la plupart de ses auditeurs. Ces trois-là s’étaient déjà rencontrés sur « Noplace », une musique ambiante qui a longtemps hanté ces samedi après-midi pluvieux où il n’y a rien d’autre à faire que de lire assis sur son canapé.
Sur Canter, on entend les percussions tribales de Thor Harris, elles tiennent le morceau avec une rythmiques qui hypnotisera l’auditeur pendant de longues heures opiacées. Aidan Baker installent progressivement des nappes ambiantes avec de multiples effets qui font presque sonner sa guitare comme un immense synthétiseur bourdonnant. Le violon de Simon Goff distillent des lignes mélodiques qui se perdent doucement dans notre cerveau. Une musique que l’on écoutera jusqu’à l’oubli, ne serait-ce que pour effacer les bruits de la ville qui s’endort.
On finit par se perdre dans les 22 minutes des vapeurs cotonneuses de Wild A Heart, un tour de force pour ce trio qui donne l’impression de ne jamais jouer la note de trop. Quand il ne reste plus que le silence à écouter, je me dis que l’on tient probablement avec « The Bit » l’un des plus beaux moments de musique insaisissable entendu cette année.
( ?) Aidan Baker, Simon Goff, Thor Harris – Canter
Mathieu